Brouillard cérébral
Comment la ménopause restructure le cerveau d'une femme
Des chercheurs ont mis en évidence un lien entre des changements structurels du cerveau et plusieurs symptômes de la ménopause.

- Par Sophie Raffin
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- Mohamad Faizal Bin Ramli/istock
L’étude CLIMATERE, menée par l’Hôpital Foch, a récemment révélé que 49 % des femmes ménopausées se sentaient plus fatiguées qu’avant et 27 % confiaient être victimes de brouillard cérébral. Les Françaises ne sont pas les seules à présenter ces symptômes à cette période de la vie. Les plaintes de troubles cognitifs et émotionnels ont été émises par un très grand nombre de patientes à travers le monde.
Une nouvelle étude aurait trouvé un lien entre ces symptômes et des changements structurels du cerveau pendant la ménopause. Ses conclusions seront présentées lors du congrès annuel de la Menopause Society organisé à Orlando du 21 au 25 octobre.
Le cerveau change durant la ménopause
Pour mieux comprendre l’origine des changements cognitifs, émotionnels et physiologiques qui apparaissent à la ménopause, des chercheurs de la School of Behavioral and Brain Sciences au Ponce Health Sciences University (Porto Rico) ont repris l’ensemble des recherches menées sur les modifications structurelles du cerveau observées chez les femmes ménopausées.
Les analyses confirment que certains de ces symptômes peuvent liés à des modifications cérébrales. À la ménopause, des réductions du volume de matière grise dans le cortex frontal et le cortex temporaux ainsi que dans l'hippocampe, régions essentielles à la mémoire et aux fonctions exécutives, sont observées. "Ces pertes volumétriques ont été associées à une baisse des performances cognitives, notamment de la mémoire verbale et visuospatiale", précisent les auteurs dans leur communiqué.
De plus, des hypersignaux accrus de la substance blanche ont été relevés par de nombreuses études, notamment chez les femmes ménopausées précocement ou souffrant de bouffées de chaleur fréquentes. Il s’agit des points lumineux visibles à l'IRM et ils témoignent souvent de "lésions tissulaires généralement dues à une diminution du flux sanguin. Ces lésions peuvent entraîner des symptômes neurologiques tels qu'un déclin cognitif, des troubles de l'équilibre et des sautes d'humeur, et sont associées à un risque accru d'accident vasculaire cérébral et de démence", indiquent les experts.
Certaines données suggèrent une récupération partielle du volume de matière grise après la ménopause. Ce qui pourrait indiquer que des processus neuro-plastiques compensatoires sont en place.
Autre constat : Il y a une densité accrue de récepteurs aux œstrogènes pendant la transition ménopausique. Cela pourrait représenter "une réponse adaptative à la baisse des taux hormonaux, bien qu'elle ait également été associée à une dégradation de la mémoire", remarquent les chercheurs.
Pour l’équipe, toutes les données qu’elle a recueillies permettent de lier les troubles cognitifs, émotionnels et physiologiques qui apparaissent à la ménopause (comme le brouillard cérébral, la fatigue, les difficultés de concentration, les sautes d'humeur) à des changements structurels observés dans le cerveau.