Pneumologie
Intérêt d'associer un score de risque et le score calcique pour évaluer le risque cardiovasculaire des BPCO.
Les personnes atteintes de BPCO présentent un risque accru de survenue d’événements cardiovasculaires indésirables majeurs. Les outils cliniques actuellement disponibles pour la stratification du risque chez ces patients se sont révélés insuffisamment performants en pratique. L’évaluation du score calcique pourrait aider à être plus performant. D’après un entretien avec Serge KOWNATOR.
Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2025 dans CHEST, a cherché à savoir si la combinaison des scores de risque cardiovasculaire (SCORE 2, SCORE 2 OP, SCORE 2 diabète, SMART Score) et le score calcique améliore l'évaluation du risque cardiovasculaire chez les patients atteints de BPCO. Il s’agit d’une étude observationnelle portant sur une cohorte de 529 patients atteints de BPCO. Tous ont bénéficié d’une tomodensitométrie thoracique, ainsi que d’un recueil de données cliniques, fonctionnelles et biologiques. Les scores calciques coronariens et les scores de risque cardiovasculaire ont été calculés. Les patients ont ensuite été répartis en quatre groupes selon un seuil de risque cardiovasculaire supérieur ou égal à 10 % ou un score calcique supérieur à 3. Le suivi a été réalisé sur une durée médiane de 98 mois. Une analyse statistique complexe a permis d’évaluer la performance du score calcique, du score cardiovasculaire et de leur combinaison dans la prédiction des événements cardiovasculaires majeurs.
Un intérêt pour les patients à niveau de risque intermédiaire
Le docteur Serge KOWNATOR cardiologue au Centre cardiologique et vasculaire Cœur de Lorraine à Thionville, explique que le calcul du score calcique a très probablement un intérêt chez les patients à niveau de risque cardio-vasculaire intermédiaire ou élevé. Cet intérêt est déjà établi pour la prédiction du niveau de risque cardiovasculaire dans différentes populations ainsi chez les diabétiques. La mesure du score calcique pourrait être pertinente chez les patients atteints de BPCO, chez qui les comorbidités cardio-vasculaires tiennent une place importante. Il précise qu’ajouter le score calcique à l’évaluation du niveau de risque cardiovasculaire selon SCORE 2 pourrait rendre plus précise l’évaluation du niveau de risque. Il est à noter que la BPCO n’entre pas dans les items permettant d’évaluer le risque cardiovasculaire, sauf pour le QRISK 4 en Grande Bretagne qui n’a pas pu être pris en compte dans cette étude. Serge KOWNATOR indique toutefois qu’il n’est pas nécessaire de faire un score calcique à tous les patients atteints de BPCO, et en tout cas pas avant d’avoir mesuré le score de risque cardiovasculaire. Même si le score calcique est un des modulateurs du risque considéré comme l’un des plus pertinents, il est nécessaire d’associer les deux. Le niveau de risque cardiovasculaire, estimé sur l’âge, le sexe, le tabagisme, la pression artérielle , le non HDL Cholestérol, est renforcé par le score calcique qui vient moduler le niveau de risque notamment chez les patients ayant un score intermédiaire. C’est la sommation des deux scores qui permet d’identifier les patients à risque plus important.
Une méthode de mesure du score calcique inhabituelle mais plus simple
Serge KOWNATOR précise que la méthodologie de calcul du score calcique dans cette étude est assez inhabituelle. Elle fait appel à une estimation visuelle, avec une évaluation de la densité des plaques calcifiées, associée au nombre de vaisseaux intéressés, alors qu’habituellement, le score calcique est mesuré automatiquement (Score d’Agatston). Toutefois, ces deux méthodologies ne montrent a priori pas de différence significative dans les résultats d’un travail publié antérieurement. Il souligne que cette méthode de mesure visuelle a l’intérêt de ne nécessiter que la réalisation d’un scanner thoracique simple, ce qui chez les patients atteints de BPCO est presque systématiquement réalisé sans nécessité d’un logiciel dédié ni d’un couplage à l’ECG.
En résumé les résultats obtenus montrent que les valeurs prédictives respectives d’un niveau de risque > 10 % à 10 ans selon SCORE 2 ou celle d’un score calcique >3 sont du même ordre. Par contre, l’association des deux permet d’identifier les sujets dont le risque de survenue d’un événement cardiovasculaire majeur sur la durée de l’étude, est significativement plus élevé.
En conclusion, l’association entre le risque cardiovasculaire et le score cacique coronaire joue un rôle complémentaire dans la stratification du risque d’événements cardiovasculaires majeurs chez les patients atteints de BPCO. Quelle que soit sa méthode de mesure, ce score s’avère très utile notamment chez les patients à risque modéré ou élevé.








