Santé mentale
Dépression : et si la transplantation de microbiote fécal aidait à réduire les symptômes ?
La transplantation de microbiote fécal peut soulager les symptômes dépressifs, avec des effets plus marqués lors d'une administration par voie endoscopique ou par lavement.

- Par Geneviève Andrianaly
- Commenting
- kieferpix/iStock
"Les symptômes dépressifs sont fréquents dans les troubles neuropsychiatriques, affectant considérablement la qualité de vie et posant des défis pour le traitement. Bien que les thérapies pharmacologiques et psychologiques restent la norme, de nombreux patients présentent une réponse limitée", selon les chercheurs de l'université de médecine chinoise de Nanjing. Dans une nouvelle étude, ces derniers ont voulu évaluer le potentiel thérapeutique de la transplantation de microbiote fécal, une approche visant à rétablir l'équilibre microbien intestinal pour améliorer l’humeur en modulant l'axe intestin-cerveau.
La transplantation de microbiote fécal est efficace en cas de dépression et de syndrome de l’intestin irritable
Afin de mener à bien les travaux, publiés dans la revue Frontiers in Psychiatry, l’équipe a passé en revue 12 essais réalisés entre 2019 et 2024 en Chine, en Australie, au Canada, en Finlande et aux États-Unis. Ceux-ci portaient sur 681 personnes. Au total, 347 adultes présentant des symptômes dépressifs et 334 patients témoins ont bénéficié de la transplantation de microbiote fécal. Les procédures comprenaient l'administration par capsule orale, coloscopie, gastroscopie, jéjunale, rectale ou transendoscopique. Pendant deux semaines à 12 mois, cette approche a été comparée à un placebo, une autogreffe ou un traitement médicamenteux standard.
Les résultats ont montré que la transplantation de microbiote fécal était liée à une baisse des symptômes dépressifs. L'administration par gélules et l'administration gastro-intestinale directe se sont toutes deux révélées efficaces, avec un effet combiné plus important pour les voies directes, telles que la coloscopie ou le lavement que pour l'administration orale. "Les améliorations étaient plus notables à court et moyen terme. Les effets diminuaient au bout de 6 mois", ont précisé les auteurs. L'analyse des sous-groupes a révélé des effets plus marqués chez les volontaires atteints du syndrome de l’intestin irritable que chez ceux souffrant de troubles neurologiques ou psychiatriques, notamment le trouble dépressif majeur, la maladie de Parkinson et la paralysie supranucléaire progressive (syndrome de Richardson).
Des travaux supplémentaires pour étudier les effets à long terme
Dans les conclusions, les scientifiques indiquent que la durabilité de la transplantation de microbiote fécal au-delà de six mois reste incertaine. Ainsi, cette approche nécessite des essais randomisés plus longs et de meilleure qualité, ainsi que des dosages supplémentaires.