Addiction
Les médicaments antiobésité pour réduire la consommation d’alcool ?
Selon une nouvelle étude, les analogues du GLP-1, habituellement prescrits pour le traitement du diabète et de l’obésité, pourraient ralentir l’absorption de l’alcool dans le sang et la sensation d’ébriété.

- Par Diane Cacciarella
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Et si les analogues du GLP-1 pouvaient aider à boire moins d’alcool ? Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports, ces médicaments, habituellement prescrits pour le traitement du diabète et de l’obésité, pourraient ralentir l’absorption de l’alcool dans le sang et la sensation d’ébriété.
Une barre énergétique et un verre d’alcool
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont mené une expérience avec vingt participants atteints d’obésité. La moitié prenait des analogues du GLP-1, tandis que les autres ne prenaient aucun médicament. À leur arrivée au laboratoire, les participants encore à jeun ont tous mangé la même barre énergétique pour équilibrer leur apport calorique. 90 minutes après la collation, ils ont bu un verre d’alcool, dans un délai de 10 minutes maximum. Ensuite, à plusieurs reprises, les chercheurs ont mesuré leur taux d’alcoolémie et leur ont demandé d’évaluer plusieurs critères, comme l’appétit ou la sensation d’ébriété.
Une pénétration de l’alcool dans le sang ralentie par les analogues du GLP-1
Chez les participants qui prenaient des analogues du GLP-1, la concentration d’alcool dans l’air expiré augmentait plus lentement que chez ceux qui ne suivaient pas ce traitement. De plus, les premiers ont déclaré une sensation d’ébriété plus faible que les seconds. "Ainsi, si les GLP-1 ralentissent la pénétration de l'alcool dans le sang, ils pourraient en réduire les effets et aider les gens à boire moins”, indique Alex DiFeliceantonio, l’un des auteurs, à Virginia Tech News.
L’alcool étant absorbé moins rapidement, il met aussi plus de temps à atteindre le cerveau et à rendre ivre. Ce phénomène pourrait donc ralentir la consommation qui n’a pas les effets attendus. Mais, le mécanisme pourrait être différent chez les personnes ayant une addiction à l’alcool. "Les personnes addicts pourraient avoir besoin de soulager ce manque, soit en prenant plus de quantités, soit avec une autre forme d’administration, soit en se tournant vers une autre drogue”, souligne ainsi Sébastien Carnicella, directeur de recherche Inserm à l’Institut des neurosciences de Grenoble, au Figaro.
Néanmoins, selon une autre étude publiée en février dans la revue Jama Psychiatry, les analogues du GLP-1 pourraient réduire la consommation réelle d’alcool et l’envie de boire de personnes souffrant d’addiction. Les conclusions de la nouvelle étude sont encourageantes mais loin d’être établies. De futurs travaux doivent être menés pour qu’un jour les analogues du GLP-1 soient prescrits dans le cadre d’un sevrage alcoolique.