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Analyse du sommeil : peut-on faire confiance à sa montre connectée ?

Les montres et autres outils connectés promettent d’analyser nos phases de sommeil et la qualité de nos nuits, mais que valent-ils vraiment ? Un chercheur démêle le vrai du faux.

  • Diy13 / istock
  • 26 Jun 2025
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    Les montres intelligentes, les bagues connectées et autres dispositifs capables d'analyser notre sommeil gagnent en popularité depuis quelques années. Ils promettent un rapport détaillé sur nos phases de sommeil et la qualité de nos nuits. Mais dans quelle mesure sont-ils fiables ? "Le surf se pratique dans l'océan, les avions volent dans le ciel, et le sommeil se passe dans le cerveau. Alors comment le mesurer à partir du poignet ou du doigt ?", interroge le professeur Dean J. Meunier, de la Central Queensland University en Australie, dans un article publié dans The Conversation.

    Ce que mesurent les capteurs de sommeil

    Lorsque nous dormons, nous traversons plusieurs phases de sommeil, généralement classées comme sommeil léger, sommeil à ondes lentes (plus connu sous le nom de sommeil profond), et sommeil paradoxal (aussi appelé REM pour Rapid Eye Mouvement ou mouvement oculaire rapide), propice aux rêves.

    La référence scientifique en matière de mesure du sommeil reste la polysomnographie (PSG), une technique pratiquée en laboratoire qui mesure les mouvements oculaires, le tonus musculaire, le rythme cardiaque et l'activité cérébrale. Cette méthode, bien que très précise, reste peu pratique pour un usage quotidien : "Précise ? Absolument. Pratique ? Comme deux chaussures gauches", ironise le spécialiste. "C'est là qu'intervient la commodité des capteurs de sommeil portables."

    Depuis les années 1990, les chercheurs utilisent l'actigraphie pour suivre le sommeil hors du laboratoire. Ces capteurs, portés au poignet comme une montre, détectent les mouvements : si l'utilisateur bouge, il est réveillé ; s'il est immobile, il dort. Simple, mais imparfait. L'ajout de la photopléthysmographie (PPG), une technologie utilisant des LED vertes pour suivre le flux sanguin, a amélioré la précision. "La photopléthysmographie est un moteur clé de l'explosion du suivi de santé via les objets connectés", note Dean J. Meunier.

    Quelle fiabilité des montres connectées ?

    Pour vérifier la fiabilité des capteurs de sommeil, des chercheurs les ont comparés à la PSG en laboratoire, à travers diverses études. Une recherche de 2022 a montré que la plupart des trackers identifient correctement plus de 90 % des épisodes de sommeil. En revanche, ils peinent à détecter les épisodes de veille, avec un taux de précision variant de 26 % à 73 %. Pour les différents stades du sommeil, la précision se situe entre 53 % et 60 %, même si certains modèles plus récents s’en sortent mieux.

    La plupart des capteurs modernes offrent une bonne estimation du temps total de sommeil, selon l’expert. Les données sur les phases de sommeil sont parfois moins fiables, mais pas essentielles pour améliorer la qualité du repos. "Si vous aimez suivre votre sommeil, assurez-vous que votre appareil a été validé de manière indépendante", prévient-il.

    Mais attention : en cas de troubles de sommeil persistants, mieux vaut consulter un médecin. Et pour tout le monde, les recommandations de base restent les mêmes : éviter les écrans avant de dormir, maintenir des horaires réguliers, et créer un environnement propice au sommeil. "En fin de compte, c'est d’abord votre comportement qui améliorera votre sommeil", conclut le Pr Meunier.

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