Microtubules
Alzheimer : et si des ultrasons pouvaient préserver la mémoire ?
Des chercheurs explorent une nouvelle approche contre la maladie d’Alzheimer, en utilisant des ultrasons qui ciblent de minuscules structures des neurones appelées microtubules.

- Par Stanislas Deve
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- Popartic / istock
Egarer ses clés ou oublier un nom familier est une chose. Mais quand la mémoire s’efface par pans entiers, cela laisse place à l’inquiétude : celle de la démence et en particulier de la maladie d’Alzheimer, qui touche aujourd’hui plus de 55 millions de personnes dans le monde. Et si un appareil de la taille d’un sèche-cheveux, coûtant moins de 130 euros, pouvait stopper – voire inverser – ce processus ? C’est le pari lancé par le Dr Stuart Hameroff, professeur américain qui étudie les effets des ultrasons de faible intensité sur la démence. Le site Popular Mechanics a relayé ses travaux.
La piste des microtubules, piliers de la mémoire
D’après l’anesthésiste et chercheur à l’Université d’Arizona, la clé résiderait dans de minuscules structures présentes au cœur des neurones : les microtubules. Ces "os" de la cellule participent non seulement à sa stabilité, mais aussi à la propagation des signaux électriques. "Les microtubules stockent nos souvenirs", avance Hameroff. Problème : dans la maladie d’Alzheimer, ces structures se désagrègent, libérant la fameuse protéine tau dont l’accumulation est un marqueur phare de la pathologie.
Les traitements actuels, centrés sur l’élimination des plaques amyloïdes, se révèlent décevants. Malgré des décennies de recherche et des coûts faramineux, les bénéfices pour les patients restent très limités. "On ne dispose d’aucun médicament pour s’attaquer à la cause des enchevêtrements de tau", rappelle le chercheur, qui plaide donc pour un changement de paradigme.
Quand les ultrasons s’invitent dans le cerveau
L’idée est simple : utiliser des ultrasons de faible intensité pour encourager les microtubules à se reformer et restaurer ainsi les connexions neuronales. Le Dr Hameroff raconte même avoir testé un appareil d’échographie sur lui-même : "J’ai appliqué la sonde une trentaine de secondes. Je n’ai rien senti tout de suite. Mais une minute plus tard, j’ai eu comme un buzz créatif et énergique qui a duré deux heures." De quoi nourrir sa conviction que les ultrasons pourraient avoir un effet thérapeutique inédit.
Des études récentes confirment cet espoir. En appliquant trois minutes quotidiennes d’ultrasons transcrâniens à l’hippocampe, zone clé de la mémoire, des patients ont montré une augmentation de l’activité métabolique et une amélioration des fonctions cognitives en moins d’un mois, sans effet secondaire notable. D’autres recherches suggèrent même que cette stimulation pourrait favoriser la régénération du cortex, la zone cérébrale impliquée dans les fonctions comme la perception sensorielle, la mémoire ou encore le langage.
Un traitement accessible ?
Une technologie non invasive, sans effets indésirables et peu coûteuse pourrait bouleverser la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Le Dr Hameroff mise sur des appareils portables, bon marché, déjà disponibles pour d’autres usages. L’un d’eux, le "USPro 2000", a même été testé de manière informelle, avec des résultats encourageants. "Nous parlons de 'massage cérébral par ultrasons' plutôt que de traitement d’Alzheimer", insiste le chercheur. L’expert rêve déjà d’un futur proche : "Aller de chambre en chambre dans un établissement de soins mémoire et offrir cinq minutes d’ultrasons quotidiens."