Alimentation

Manger sucré change-t-il vraiment nos goûts ?

Contrairement aux idées reçues, manger plus ou moins d’aliments sucrés ne change pas notre goût pour le sucre... et ne réduira donc pas nos envies de desserts, selon une étude néerlandaise.

  • dima_sidelnikov / istock
  • 22 Aoû 2025
  • A A

    Et si notre attirance pour le sucre n’était pas liée à ce que nous avons l'habitude de manger ? C’est la conclusion d’un essai clinique randomisé mené par l’université de Wageningen, au Pays-Bas : il apparaît que consommer davantage d’aliments sucrés ne modifie pas notre préférence pour le goût sucré.

    Des régimes plus ou moins sucrés

    Pendant six mois, 180 volontaires ont suivi des régimes aux teneurs variables en produits sucrés : certains très sucrés, d’autres moins, et un groupe témoin avec un mélange. "Nous avons constaté que les régimes plus ou moins sucrés n’étaient pas associés à des changements de consommation énergétique ou de poids corporel", explique Kees de Graaf, professeur émérite en sciences sensorielles et comportement alimentaire, qui a dirigé l’étude, dans Science Daily.

    Les chercheurs ont distribué tous les quinze jours des paniers contenant environ la moitié des apports alimentaires quotidiens des participants. Les produits fournis allaient du chocolat au lait et confitures aux fromages, houmous et eaux pétillantes. Les préférences gustatives de chaque volontaire ont été testées à plusieurs reprises : avant, pendant et après l’expérience, puis un et quatre mois après la fin du régime.

    Pas responsable de la surconsommation

    "Même si beaucoup pensent que les aliments sucrés entraînent une augmentation de l’apport calorique, notre étude a montré que la douceur en elle-même n’est pas responsable de la surconsommation", précise de Graaf. Ainsi, ni la perception du goût sucré, ni les choix alimentaires, ni les marqueurs biologiques liés au diabète ou aux maladies cardiovasculaires (glycémie, insuline, cholestérol) n’ont été modifiés. Les participants sont revenus spontanément à leur niveau habituel de consommation de sucre après la fin de l’étude.

    L’un des points forts de cette recherche repose sur son protocole strict : randomisation selon l’âge, le sexe et le poids, composition nutritionnelle équilibrée entre les groupes, suivi médical complet. "C’est l’une des premières études à ajuster la douceur de l’ensemble du régime alimentaire dans une fourchette réaliste de consommation", insiste de Graaf.

    L’équipe souhaite désormais mener une étude similaire auprès d’enfants, dont les préférences gustatives et habitudes alimentaires sont encore en construction. En attendant, ce travail invite à relativiser l’idée reçue selon laquelle manger sucré rendrait forcément plus accro au sucre.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF