Intelligence artificielle

Après un AVC, un implant cérébral lui rend sa capacité à parler

Paralysée et privée de parole depuis un AVC en 2005, Ann Johnson a retrouvé sa voix grâce à l'intelligence artificielle et une interface cerveau-ordinateur capable de de décoder l’activité neuronale, mise au point par des chercheurs américains.

  • designer491 / istock
  • 19 Aoû 2025
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    Enseignante au Canada, sportive et jeune maman, Ann Johnson menait une vie bien remplie. Mais en 2005, son quotidien s’est brutalement effondré lorsqu’un accident vasculaire cérébral (AVC) l’a plongée dans ce qu’on appelle le syndrome d’enfermement (locked-in syndrome). Un état neurologique rare dans lequel la personne est éveillée et totalement consciente – elle voit et entend tout – mais ne peut ni bouger ni parler. Sa paralysie motrice l’a privée de parole pendant dix-huit ans.

    Un essai clinique révolutionnaire

    Tout a changé lorsqu’elle a intégré en 2022 un essai clinique mené par l’Université de Californie à Berkeley et à San Francisco, aux Etats-Unis. Les chercheurs y testaient une interface cerveau-ordinateur capable de décoder l’activité neuronale liée à la parole. "Nous avons pu identifier la zone du cerveau responsable de la production du langage", explique Gopala Anumanchipalli, professeur d’ingénierie électrique à UC Berkeley, dans un communiqué. À partir de là, ils ont conçu un modèle permettant de transformer les signaux cérébraux en mots, voix et même expressions faciales via un avatar.

    Lors des essais, Ann Johnson a ainsi pu s’exprimer à nouveau : "Que pensez-vous de ma voix artificielle ? Racontez-moi qui vous êtes. Je vais bien aujourd’hui." Pour recréer son timbre, les chercheurs avaient utilisé l’enregistrement de son discours de mariage. "Elle ne peut pas parler à cause de sa paralysie, mais les signaux sont toujours générés par son cerveau, précise Kaylo Littlejohn, doctorant et co-responsable de l’étude. Le modèle d’IA les traduit en texte, en son et en animation faciale."

    Un délai d’une seconde seulement

    Au départ, l’avatar mettait huit secondes à restituer une phrase. Mais en 2023, l’équipe a réduit ce délai à une seconde grâce à une nouvelle architecture dite "en flux continu". "Nous ne cherchions pas à lire dans son esprit, insiste Anumanchipalli. Nous voulions qu’elle garde l’initiative, que la voix ne s’active que lorsqu’elle tente réellement de parler."

    Pour Ann Johnson, entendre sa voix après dix-huit ans fut une expérience bouleversante. Elle rêve que ces technologies deviennent sans fil et accessibles au plus grand nombre. Son objectif est clair : "Je veux montrer aux patients que leur vie n’est pas finie. Les handicaps n’ont pas besoin de nous arrêter ni de nous ralentir." Cette recherche, révolutionnaire, ouvre la voie à un futur où les neuroprothèses vocales pourraient devenir un standard médical.

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    JDF