Pathologie neurodégénérative
Alzheimer : quel est l'impact de la maladie sur le corps ?
La maladie d’Alzheimer ne touche pas seulement le cerveau, elle peut aussi impacter d’autres organes, selon une nouvelle étude.

- Par Sophie Raffin
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La maladie d’Alzheimer touche principalement le cerveau et se caractérise d’ailleurs par une accumulation de plaques amyloïdes et de protéine Tau dans cet organe vital. Ce qui provoque un déclin cognitif progressif se traduisant par l’apparition des troubles de la mémoire, des fonctions exécutives perturbées, des troubles du langage ou une désorientation.
Des chercheurs du Baylor College of Medicine et du Jan and Dan Duncan Neurological Research Institute at Texas Children’s Hospital se sont demandés comment la pathologie neurologique impacte les autres tissus de l’organisme. En étudiant les cellules de mouches souffrant de ce trouble, ils ont découvert que d’autres tissus sont affectés par la maladie.
Leurs travaux ont été détaillés dans la revue Neuron.
Système nerveux, odorat, digestion : Alzheimer n’impacte pas que le cerveau
Pour cette étude, l’équipe a créé des drosophiles atteintes de la maladie d'Alzheimer. Ces dernières présentaient des plaques amyloïdes contenant la protéine Aβ42 et des enchevêtrements de la protéine Tau dans leur cerveau. Les chercheurs ont ensuite évalué les modifications observées dans le cerveau et les autres tissus.
"Nous avons constaté que la présence de protéine Aβ42 ou Tau dans les neurones affectait à la fois les neurones et d'autres tissus du corps de la drosophile", indiquent Ye-Jin Park, co-auteur principal dans un communiqué. "La protéine Aβ42 affectait principalement le système nerveux. Les neurones sensoriels impliqués dans la vision, l'audition et l'olfaction étaient particulièrement vulnérables. Une diminution de l'odorat peut être un symptôme précoce de la maladie d'Alzheimer, et dans cette étude, nous avons identifié des neurones olfactifs spécifiques affectés par Aβ42 chez la drosophile.""L'expression de Tau dans les neurones a entraîné des changements significatifs, surtout dans les tissus périphériques, comme une altération du métabolisme des graisses et de la digestion, ainsi qu'une baisse de la fécondité. Ces altérations reproduisent les changements liés à l'âge, suggérant que l'expression de Tau accélère le vieillissement", précise le Dr Tzu-Chiao Lu, co-auteur principal."Nous avons constaté que la connectivité neuronale et d'autres facteurs qui interviennent dans la communication cerveau-corps étaient perturbés chez les mouches Tau", ajoute le scientifique.Alzheimer : une découverte qui pourrait aider à améliorer les traitements
Ces résultats permettent d’avoir une image plus claire sur l'impact des protéines Aβ42 et Tau, marqueurs de la maladie d'Alzheimer, sur l'organisme dans son ensemble, et non plus seulement le cerveau.
Pour les chercheurs, les données récoltées offrent aussi "de nouvelles perspectives sur la communication cerveau-corps dans la neurodégénérescence" et ouvrent "la voie à l'identification de nouveaux biomarqueurs et cibles thérapeutiques pour la maladie d'Alzheimer". Ce qui pourrait aider à développer de nouveaux traitements.