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Parkinson et pesticides : habiter près d’un golf est-il risqué ?

Vivre près d’un terrain de golf pourrait augmenter le risque de développer la maladie de Parkinson, potentiellement à cause de l’exposition aux pesticides dans l’eau utilisée pour l’entretien des pelouses, selon des chercheurs.

  • Leirao / istock
  • 18 Mai 2025
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    Les abords des terrains de golf sont souvent perçus comme des lieux de vie privilégiés, alliant verdure, calme et sport pour "CSP+". Mais une nouvelle étude venue des Etats-Unis, publiée dans JAMA Network, vient remettre en question cette image de carte postale. Selon des chercheurs du Barrow Neurological Institute et de la Mayo Clinic, il pourrait en effet y avoir un lien entre la proximité des parcours de golf et un risque accru de développer la maladie de Parkinson, qui touche plus de huit millions de personnes à travers le monde, d’après l’OMS.

    Un risque accru jusqu'à deux fois plus élevé

    L'étude, menée dans le sud du Minnesota et l’ouest du Wisconsin, a comparé 419 patients atteints de Parkinson à plus de 5.000 personnes non malades. En analysant leur lieu de résidence par rapport à 139 parcours de golf, les chercheurs ont relevé que vivre à moins de 3,2 km d'un golf augmentait le risque de Parkinson de 198 %. Ce risque restait élevé (121 %) jusqu'à 4,8 km, puis diminuait d'environ 13 % par kilomètre supplémentaire.

    Un autre facteur clé semble être l’accès à l’eau potable. Les personnes habitant près d’un golf et utilisant de l’eau souterraine vulnérable aux pesticides avaient presque deux fois plus de chances de développer la pathologie par rapport à celles vivant loin de tout parcours. L’utilisation intensive de pesticides pour entretenir les pelouses de golf est pointée du doigt.

    Un lien à confirmer

    Malgré des résultats alarmants, la communauté scientifique reste prudente. "Cette étude suggère une association entre les pesticides et Parkinson, mais il faut connaître ses limites", prévient le professeur David Dexter, directeur de la recherche chez Parkinson’s UK, dans les colonnes de New Atlas. Il rappelle que la maladie débute dans le cerveau 10 à 15 ans avant son diagnostic, or l’exposition analysée ne couvre que deux à trois ans.

    Le chercheur souligne également un déséquilibre entre zones urbaines et rurales chez les participants, ce qui pourrait fausser les résultats : "80 % des patients atteints vivaient en zone urbaine, contre 30 % des témoins, donc d’autres facteurs comme la pollution de l'air peuvent jouer un rôle." Enfin, aucune analyse de l’eau potable n’a vérifié la présence réelle de pesticides.

    Pour la docteure Katherine Fletcher, responsable de recherche chez Parkinson’s UK, "la maladie de Parkinson est complexe, et ses causes impliquent probablement des facteurs à la fois génétiques et environnementaux". Elle ajoute que, si plusieurs études pointent les pesticides, les preuves restent encore insuffisantes : "Ce travail renforce l’idée d’un lien possible, mais il est réducteur car il ne prend pas en compte d’autres sources d’exposition, comme le milieu professionnel, ou les antécédents familiaux".

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    JDF