Rhumatologie

Polyarthrite rhumatoïde : les corticoïdes sont très vite délétères pour le cœur

Au cours de la polyarthrite rhumatoïde, l’utilisation des corticoïdes, même à faible dose et même pour une courte durée, est associée à une augmentation du risque d’évènements cardiovasculaires majeurs. Cette augmentation est de plus dose-dépendante et temps-dépendante.

  • BitsAndSplits/istok
  • 21 Nov 2023
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    Les trois quarts des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) utilisent des corticoïdes pour gérer les symptômes résiduels alors qu’ils sont sous traitement de fond de la maladie. Des travaux antérieurs suggèrent que l'utilisation récente de corticoïdes est associée à des événements cardiovasculaires indésirables majeurs (MACE) dans la PR, mais ces études n'ont pas suffisamment pris en compte l'effet d'une exposition antérieure aux corticoïdes sur le risque actuel.

    Chez des vétérans américains âgés (62,5 ans en moyenne), principalement de sexe masculin, souffrant de polyarthrite rhumatoïde, les corticoïdes même pris à faibles doses et sur de courtes périodes sont associés à un risque plus élevé d'événements cardiovasculaires majeurs (MACE) à long terme. Tels sont les résultats d'une nouvelle étude de cohorte rétrospective présentée lors du congrès annuel 2023 de l'American College of Rheumatology.

    Augmentation du risque temps- et dose-dépendante

    L'analyse de près de 19 000 patients montre que le risque de MACE augmente avec la dose, la durée (initiale et en récidive) de l'utilisation des corticoïdes, dans laquelle le risque augmente significativement à des doses aussi faibles que 5 mg/jour d’équivalent-prednisone, des durées aussi courtes que 30 jours, et avec une dernière utilisation aussi longue que 1 an avant le MACE.

    Parmi les 18 882 patients, le risque médian de MACE à 5 ans au départ était de 5,3% et 3 754 patients (19,9%) avaient un risque de MACE élevé à l’inclusion. Un MACE incident est survenu chez 4,1% des patients en moyenne, après un délai médian de 2,67 ans (IQR 1,26-4,45).

    L'utilisation de 5 mg, 7,5 mg et 10 mg/jour d’équivalent-prednisone pendant les 90 jours précédant le MACE est associée à une augmentation de 13 %, 19 % et 27 % du MACE, respectivement (aHR [IC à 95%] 1,13 [1. 01-1,24], 1,19 [1,02-1,38], 1,27 [1,02-1,54]). Les aHR et l'IC à 95% pour l'utilisation de 5 mg/jour pendant 15 et 30 jours avant le MACE sont respectivement de 1,03 (0,99-1,06) et 1,05 (0,99-1,11) (NS).

    L'utilisation de 5 mg, 7,5 mg et 10 mg d’équivalent-prednisone pendant 30 jours, avec la dernière utilisation un an avant le MACE, est associée à des augmentations de 3%, 5% et 7% du MACE (aHR [IC à 95%] 1,03 [1,02-1,05], 1,05 [1,03-1,07], 1,07 [1,04-1,10]. Une utilisation similaire pendant 90 jours est associée à des augmentations de 10%, 15% et 21%, respectivement (aHR [IC à 95%] 1,10 [1,05-1,15], 1,15 [1,08-1,23], 1,21 [1,11-1,32]).

    Une étude de cohorte rétrospective sur les vétérans américains

    Dans cette étude de cohorte rétrospective, les chercheurs de Ann Harbor ont utilisé les données administratives nationales des vétérans américains (Veterans Affairs) pour identifier les patients atteints de PR ayant subi une première visite de rhumatologie de cette structure en 2010-2018 (date d'index) et une période d'un an avant cela.

    Les exclusions comprenaient l'âge < 40 ou > 90, les troubles rhumatologiques non liés à la PR, les MACE antérieurs ou l'ICC. Les chercheurs ont utilisé un modèle de Cox pour estimer l'effet de l'utilisation cumulative pondérée dans le temps des corticoïdes oraux (exposition principale) sur le risque de MACE défini comme un infarctus du myocarde, un AVC/AIT, un arrêt cardiaque, une revascularisation coronarienne ou le décès de cause CV (critère principal). Ils ont estimé l'exposition primaire à l'aide d'un modèle de dose cumulative pondérée (DCP) représentant l'exposition aux corticoïdes comme une somme pondérée des doses antérieures.

    Un risque de MACE dès les doses de 5 mg/jour d’équivalent-prednisone

    Dans cette cohorte nationale de PR du Veteran Affairs, les chercheurs de Ann Harbor ont observé une relation dépendante de la dose, de la durée entre l'utilisation (en cours ou antérieure) de corticoïdes et le risque d’évènements cardiovasculaires majeurs (MACE).

    Des doses de corticoïdes aussi faibles que 5mg/jour d’équivalent-prednisone, des durées aussi courtes que 30 jours, et une utilisation aussi ancienne qu'un an avant le MACE ont tous été associés à un risque accru de MACE.

    Les travaux futurs examineront l'effet de l'ajustement des covariables en fonction du temps et la modification potentielle de l'effet de l'exposition antérieure aux corticoïdes sur le risque associé à l'utilisation en cours.

     

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    JDF