"Ventilation entérale"
Infections respiratoires ou pulmonaires : oui, on peut "respirer" par les fesses
Des essais cliniques chez l’Homme au Japon montrent que l’"oxygénation par voie rectale", un prix Ig-Nobel en 2024, s’est révélé être sûre, réalisable et bien tolérée.
- Par Geneviève Andrianaly
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La "ventilation entérale" est une approche qui a reçu un Ig-Nobel en 2024. Ce concept, développé par un scientifique de l’hôpital pour enfants de Cincinnati, fournit une oxygénation systémique partielle indépendante des échanges gazeux pulmonaires. En clair, l’oxygène est administré par voie rectale. Cette méthode pourrait être une alternative en cas de voies respiratoires obstruées et de poumons encombrés par une infection. Elle pourrait être également une stratégie adjuvante pour la prise en charge des patients souffrant d'insuffisance respiratoire. Afin d’explorer cette idée de "respirer par les fesses" et évaluer les potentiels bénéfices, des chercheurs l’université d’Osaka (Japon) ont décidé de mener une étude publiée dans la revue Med.
Une dose de 25 à 1.500 ml de perfluorodécaline pendant une heure
Dans le cadre des travaux, l’équipe a testé l’"oxygénation par voie rectale" en utilisant du perfluorodécaline, un liquide approuvé cliniquement et présentant une solubilité élevée de l'oxygène. Il s’agit d’un véhicule prometteur pour l'administration d'oxygène par voie entérale. Ici, le liquide super-oxygéné aide à fournir de l’oxygène vital à la circulation sanguine en l’absorbant par le côlon. Pour l’essai clinique de phase 1, 27 hommes adultes, âgés de 20 à 45 ans, en bonne santé ont été recrutés. Les participants ont reçu une dose unique, croissante de 25 à 1.500 ml, de perfluorodécaline non oxygénée par voie intrarectale maintenue pendant 60 minutes. "La sécurité et la tolérance ont été évaluées par le suivi des événements indésirables, des signes vitaux, des analyses de laboratoire et de l'exposition systémique au perfluorodécaline."
L’administration intrarectale de perfluorodécaline non oxygénée est sûre et bien tolérée
Selon les résultats, aucun événement indésirable grave ni toxicité limitant la dose n'est survenu. Les volontaires ont signalé légers symptômes gastro-intestinaux, tels que des ballonnements et des douleurs abdominales, qui étaient transitoires et présents en cas de doses plus élevées. Ces derniers ont disparu après l’intervention. Tous les paramètres biologiques, y compris les marqueurs de la fonction hépatique et rénale, sont restés dans les limites de la normale. Les concentrations de perfluorodécaline étaient indétectables dans le sang.
"Maintenant que nous avons établi la tolérance, la prochaine étape consistera à évaluer l’efficacité du processus pour l’apport d’oxygène dans la circulation sanguine", a déclaré Takanori Takebe, qui a participé l’étude. Dans le détail, les scientifiques comptent réitérer l'évaluation avec le liquide oxygéné afin de déterminer la quantité de liquide nécessaire et la durée d'exposition pour améliorer les niveaux d'oxygène dans le sang. À terme, ils espèrent étendre l'utilisation de cette technologie aux soins néonatals.






