Onco-Dermato
Prédiction du risque de mélanome : une échelle affinée
Des auteurs australiens retiennent 16 critères, dont 14 cliniques, pour identifier les personnes les plus à risque de développer un mélanome et qui doivent être bénéficier d’un examen cutané régulier.
- Claudio Caridi/iStock
La détection précoce du mélanome permet de réduire la morbi-mortalité qui lui est associée, mais contrairement à d’autres cancers, la plupart des agences de santé internationales ne recommandent pas le dépistage systématique du mélanome, en l’absence de preuves robustes de son bénéfice.
Toutefois, les autorités de santé de nombreux pays recommandent d’identifier les personnes à haut risque, devant bénéficier d’un examen cutané périodique, en se basant sur des échelles de risque. Plus d’une quarantaine d’outils ont été développées, dont l’outil MP7 (basé sur 7 critères) en Australie. La même équipe propose une échelle de stratification affinée, basée sur les données colligées dans la cohorte QSkin, étude prospective portant sur un large groupe d'adultes âgés de 40 à 69 ans (55% de femmes, âge moyen 55,4 ans) indemnes de mélanome à l’inclusion, échantillonnés aléatoirement dans la population du Queensland, en Australie, entre novembre 2010 et décembre 2011. Les données sont publiées dans JAMA Dermatology.
31 variables candidats à l’inclusion
Trente et une variables collectées à l’inclusion avaient été identifiées a priori comme des prédicteurs potentiels du risque futur de mélanome invasif.
Au total, 706 nouveaux mélanomes invasifs ont été diagnostiqués au cours des 401 356 personnes-années de suivi.
Les participants atteints d'un mélanome invasif étaient plus âgés (âge moyen 57,9 ans contre 55,4 ans ; p < 0,001), plus souvent de sexe masculin (56 % vs 45 % ; p < 0,001), nés en Australie (86 %vs 80 % ; p < 0,001) et d'origine européenne (99 % vs 94 % ; p < 0,001) que ceux n'ayant pas développé de mélanome. Ils avaient également plus souvent une pigmentation claire (cheveux roux ou clairs et yeux bleus) et une densité de nævus (autodéclaration) plus élevée.
Tabagisme et taille
Le nouveau modèle développé a retenu 14 prédicteurs (âge, sexe, ascendance, densité de nævus, densité des taches de rousseur à 21 ans, couleur des cheveux, bronzage, nombre de coups de soleil à l’âge adulte, antécédents familiaux, autres cancers antérieurs à l’inclusion, excisions antérieures pour cancer de la peau, kératoses actiniques antérieures, tabagisme et taille) et deux critères statistiques. Le tabagisme passé et actuel était associé à un risque plus faible de mélanome (comme cela est rapporté de manière constante dans la littérature, mais mal expliqué) et la taille standardisée selon le sexe était à l’inverse positivement associée à un risque plus élevé de mélanome.
Identification de 80 % des personnes à risque
Plusieurs paramètres candidats, tels que la tendance aux coups de soleil, la couleur des yeux, le nombre de coups de soleil pendant l'enfance ou l'adolescence, utilisation de transats au cours de la vie et l’âge lors de la migration en Australie, dont l’impact s’est avéré négligeable, n’ont finalement pas été retenus.
À l'échelle de la population, les auteurs estiment que cette échelle de stratification du risque permettrait d’identifier plus de 80 % des personnes qui développeront ultérieurement un mélanome.








