Dermatologie
Psoriasis étendu : certaines biothérapies donnent moins d’infections que d’autres
Le risque d'infections graves serait moindre chez les patients souffrant de psoriasis étendu qui reçoivent certaines biothérapies par rapport à d’autres et par rapport au méthotrexate.
- Ranee Sornprasitt/istock
Ces dernières années, de nouveaux traitements ciblés, les biothérapies, qui réduisent l’hyperactivité du système immunitaire en ciblant des voies inflammatoires spécifiques, ont révolutionné le traitement du psoriasis et d'autres maladies auto-immunes. Mais, jusqu'à présent, peu d'études ont documenté les risques comparatifs de ces biothérapies, entre elles et par rapport au méthotrexate.
Dans une très vaste étude observationnelle rétrospective, des chercheurs ont comparé le risque d'infection grave entre sept médicaments utilisés par voie systémique dans le traitement du psoriasis étendu. Elle met en évidence une diminution du risque d'infection chez les patients atteints de psoriasis étendu qui prennent certaines biothérapies (apremilast, étanercept et ustekinumab) par rapport à ceux qui reçoivent du méthotrexate, le traitement de référence en première ligne dans le psoriasis moyen à sévère. Les résultats ont été présentés à la réunion de la Society for Investigative Dermatology à Chicago et publiés simultanément dans JAMA Dermatology.
Intérêt de cibler les voies inflammatoires
Dans une étude observationnelle rétrospective sur 107 707 malades, les chercheurs observent d’abord que les types les plus courants d'infections graves au cours des traitements systémiques du psoriasis sont les cellulites, les pneumonies et les bactériémies/septicémies. L’étude objective une diminution significative du risque d'infections graves avec l'apremilast, l'étanercept et l'ustekinumab, comparativement au méthotrexate. Par ailleurs, ils ne trouvent pas de taux d'infection global majoré chez les utilisateurs d'acitrétine, d'adalimumab et d'infliximab comparativement au méthotrexate.
La constatation selon laquelle l'ustekinumab réduit le risque d'infections graves suggère que les biothérapies qui ciblent plus spécifiquement les voies inflammatoires dans le psoriasis pourraient être à la fois plus efficaces et plus sûres vis-à-vis du risque d'infection.
Une très vaste étude observationnelle
Pour mener cette vaste étude de cohorte comparative rétrospective et observationnelle, les chercheurs ont utilisé deux grandes bases de données d'assurance qui comprenaient plus de 250 millions de personnes aux États-Unis. Les dermatologues ont suivi l'incidence des infections graves nécessitant une hospitalisation chez environ 107 707 patients atteints de psoriasis qui avaient une ordonnance pour l'un des sept médicaments systémiques approuvés par la FDA dans le traitement du psoriasis modéré à sévère : des médicaments systémiques anciens (acitrétine et méthotrexate), des biothérapies dirigées contre diverses interleukines (adalimumab, étanercept, infliximab et ustekinumab) et un inhibiteur des petites molécules (apremilast). Les derniers anti-IL17 n’ont pas été pris en compte dans cette analyse.
Traitement des formes graves
Dans le psoriasis, les cellules de la peau prolifèrent environ dix fois plus vite que la normale et les cellules en excès se transforment en plaques épaisses et squameuses de peau sèche surtout sur le cuir chevelu, les coudes et les genoux. Le méthotrexate est un immunomodulateur, qui bloque la capacité de croissance des cellules, et il est le traitement de référence dans les psoriasis graves. Mais, son utilisation peut entraîner des effets secondaires indésirables, y compris des infections graves.
Certaines protéines du système immunitaire sont fortement impliquées dans l’origine des plaques de psoriasis. Les biothérapies agissent en inhibant différents types de protéines du système immunitaire : certains contre le TNF-alpha (adalimumab, étanercept et infliximab), d’autres contre l'interleukine-17 (sécukinumab et ixékizumab), d’autres contre l'interleukine-17 et l'interleukine-23 (ustekinumab). L'apremilast, un inhibiteur du PDE-4, n'inhibe pas directement les cytokines inflammatoires mais il est généralement moins efficace.
Un complément aux études randomisées
Ce type d’information en vie réelle est intéressant car il apporte une information supplémentaire par rapport à l’expérience glanée dans les rhumatismes inflammatoires où le risque infectieux était surtout lié à la corticothérapie et au méthotrexate à forte dose. Cette étude montre comment les chercheurs pourraient utiliser les « big data » pour aider à comparer l'innocuité de différents médicaments chez les patients atteints de psoriasis. Ce type d’information est de plus en plus prise en compte lors de la prescription de différents médicaments dans différentes spécialités.
En plus d'être potentiellement plus efficaces que le méthotrexate, certaines des nouvelles biothérapies ciblées pourraient ainsi être plus sûres chez les patients vis-à-vis du risque d'infection, un élément à prendre en compte par les médecins et les patients lors du choix traitement du psoriasis modéré à sévère.











