Fécondité

Les "produits chimiques éternels" réduisent la fertilité féminine de 40 %

Les PFAS, surnommées "produits chimiques éternels" et présentes dans de très nombreux objets de notre quotidien, pourraient entraîner une baisse de la fertilité féminine de 40 %.

  • Par Sophie Raffin
  • Vera_Petrunina/istock
  • 23 Mar 2023
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    Ustensiles de cuisine antiadhésifs, vêtements imperméables, emballages alimentaires, tissus d'ameublement, peintures, cosmétiques, fil dentaire… Les substances perfluoroalkylées, ou plus simplement les PFAS, sont présentes dans de très nombreux objets du quotidien. Ce qui rend la découverte de l’hôpital Mount Sinai (USA), publiée dans la revue scientifique Science of the Total Environment, encore plus préoccupante.

    L’exposition à ces produits chimiques peut entraîner une réduction de la fertilité pouvant atteindre 40 % chez les femmes.

    Les mélanges de PFAS impactent la fertilité des femmes

    Pour ces travaux, l’équipe a suivi 1.032 Singapouriennes en âge de procréer qui essayaient de tomber enceinte et qui étaient inscrites à la Singapore Preconception Study of Long-Term Material and Child Outcomes, une cohorte prospective basée sur la population. Les chercheurs ont mesuré le taux de PFAS dans le sang de ces volontaires entre 2015 et 2017. Ils ont appris qu'une exposition plus élevée à ces produits était associée à une probabilité réduite de grossesse et de naissance vivante.

    Les chances de concevoir dans l’année suivant le suivi et d’accoucher d’un bébé en bonne santé diminuaient de 30 à 40 % lorsque sept PFAS étaient présents dans l’organisme des femmes. Le plus grand contributeur à ce "cocktail d'infertilité" est l'acide perfluoro-decanoïque, qui est individuellement lié à une fécondité réduite. "Des associations avec des résultats d'infertilité ont également été observées pour l'acide perfluorooctanesulfonique, l'acide perfluorooctanoïque et l'acide perfluoroheptanoïque", précisent les auteurs dans un communiqué.

    "Notre étude implique fortement que les femmes qui envisagent une grossesse doivent être conscientes des effets nocifs des PFAS et prendre des précautions pour éviter l'exposition à cette classe de produits chimiques, en particulier lorsqu'elles essaient de concevoir", ajoute l'auteur principal Nathan Cohen, chercheur postdoctoral au Département de médecine environnementale et de santé publique de l'Icahn School of Medicine de Mount Sinai. 

    Les PFAS perturbent les hormones de reproduction

    Ce n’est pas la première fois que les effets nocifs des PFAS pour l’organisme sont pointés du doigt. D'autres travaux ont déjà démontré que ces substances altèrent le fonctionnement reproducteur des souris.

    "Les PFAS peuvent perturber nos hormones de reproduction et ont été associées à un début de puberté retardé et à des risques accrus d'endométriose et de syndrome des ovaires polykystiques dans quelques études antérieures. Ce que notre étude ajoute, c'est que les PFAS peuvent également diminuer la fertilité chez les femmes qui sont généralement en bonne santé et essaient naturellement de concevoir", note l'auteure Damaskini Valvi, professeure adjointe de médecine environnementale et de santé publique à Icahn Mount Sinai et spécialiste des dangers de ces produits chimiques. "Nous savons aussi que l'exposition aux PFAS commence in utero et se transmet de la mère au fœtus, car de nombreuses PFAS ont été détectées dans le sang du cordon ombilical, le placenta et le lait maternel. La prévention de l'exposition aux PFAS est donc essentielle pour protéger la santé des femmes ainsi que celle de leurs enfants".

    Pour réduire l’exposition aux substances perfluoroalkylées, les scientifiques conseillent d’éviter "les aliments associés à des niveaux plus élevés de ces produits chimiques" et d’acheter des objets sans PFAS. 

    "Il est également important de plaider en faveur de politiques qui interdisent l'utilisation de produits chimiques toxiques, tels que les PFAS, dans les objets de tous les jours", note la Dr Valvi qui compte poursuivre ses recherches pour explorer les mécanismes biologiques en jeu dans l’impact de ces substances sur la santé reproductive.

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    JDF