Cancer du nez

Insolite : une femme se fait greffer un nez sur le bras en France

Une reconstruction d'un nez a été pratiquée chez une patiente à Toulouse. Cette intervention a été réalisée à l’aide d’une imprimante 3D et d’une "mise en nourrice" d'un greffon synthétique sur son avant-bras. 

  • Par Joséphine Argence
  • Xmee/Istock
  • 14 Nov 2022
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    Pour la première fois, des équipes de chirurgie ORL et Cervico-Faciale de Toulouse et de l’Institut Claudius Regaud ont reconstruit totalement le nez d’une patiente à partir d’un greffon synthétique préalablement implanté dans son avant-bras pour le pré-vasculariser. Cette intervention chirurgicale a été réalisée à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse Oncopole (IUCT-Oncopole). 

    Une reconstruction nasale pratiquée sur une zone fragile et peu vascularisée 

    En 2013, la patiente a été traitée par radiothérapie et chimiothérapie pour un cancer des fosses nasales. Elle a été guérie, mais elle a perdu une large partie de son nez et la partie antérieure de son palais à la suite des traitements. "Je suis restée cloîtrée chez moi ces huit dernières années. Quand on est malade, on s’isole et le visage est ce que l’on voit en priorité", a-t-elle confié à 20 Minutes. Elle a également vécu des échecs de reconstruction nasale par greffe de lambeaux de peau et a difficilement supporté le port d’une prothèse faciale. 

    Une reconstruction nasale par biomatériau sur mesure a alors été proposée à la patiente. Cette intervention chirurgicale a été pratiquée en deux temps par le Professeur Agnès Dupret-Bories, chirurgienne ORL à à l’IUCT-Oncopole, et le Docteur Benjamin Vairel, médecin ORL. 

    "Ce type de reconstruction n’avait jusqu’alors jamais été pratiqué sur une zone aussi fragile et peu vascularisée et a été rendu possible grâce à la collaboration des équipes médicales avec la société Cerhum, fabricant belge de dispositifs médicaux spécialisé en reconstruction osseuse. Cette nouvelle technique permet en outre de s’affranchir de certaines limites présentées par d’autres techniques", peut-on lire dans un communiqué du Centre hospitalier universitaire de Toulouse, datant du 7 novembre. 

    "Je retrouve les odeurs de mon jardin, je peux ressortir, je revis"

    Dans le cadre de la reconstruction nasale, les ingénieurs de Cerhum ont d’abord imprimé le biomatériau en 3D. En juillet 2022, il a été mis "en nourrice", autrement dit implanté, au niveau de l’avant-bras de la patiente. "C’est comme un support qui donne la forme. La peau vit autour, les tissus rentrent à l’intérieur du biomatériau qui est comblé par les cellules du corps du patient. Le biomatériau imprimé sur mesure en 3D a été mis sous la peau de l’avant-bras pour qu’il soit colonisé et elle l’a gardé durant deux mois à ce niveau-là", a indiqué le professeur Agnès Dupret-Bories, à nos confrères. 

    En septembre 2022, la transplantation nasale a été réalisée. "Le dispositif a ainsi pu être transplanté au niveau de la région nasale et revascularisé avec succès à l’aide de la microchirurgie par anastomoses (création d’une connexion entre vaisseaux sanguins) des vaisseaux de la peau du bras sur des vaisseaux de la tempe de la patiente", ont précisé les chercheurs.  

    À la suite de l’intervention, la patiente a été hospitalisée pendant dix jours et a reçu des antibiotiques pendant trois semaines. L’opération a été une réussite. "Je retrouve les odeurs de mon jardin, je peux ressortir, je revis. C’est miraculeux, ce biomatériau était mon dernier recours et je salue la recherche et le travail des médecins qui m’ont aidée à tenir", a-t-elle affirmé avec joie. Selon les informations de 20 Minutes, la patiente devra subir une autre opération pour réaliser des retouches au niveau de son nez ainsi qu’une reconstruction dentaire. 

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    JDF