Rhumatologie
Tendinite d’Achille : pas d’effet des injections de plasma enrichi en plaquettes (PRP)
Une seule injection de plasma enrichi en plaquettes (PRP) ne diminue pas de manière significative les douleurs et la gêne liées à une tendinite d'Achille.
- eventKonuk/istock
Au cours d’une tendinite chronique d'Achille, les injections de PRP favoriseraient la réparation du tendon grâce une forte concentration de facteurs de croissance (produits à partir de sang entier) directement sur le site de la dégénérescence pour améliorer la régénération.
Cependant, les données sur ces infiltrations de PRP issues d'essais randomisés sont limitées et peu concluantes dans la tendinite d'Achille au niveau moyen du tendon. Jusqu'à présent, les essais randomisés ont inclu des échantillons de petite taille (<60 participants) et n'étaient pas multicentriques. C’est tout l’intérêt d’un bel essai randomisé multicentrique et indépendant qui vient d’être publié dans le JAMA.
Large essai randomisé et multicentrique indépendant
Un essai randomisé, multicentrique, organisé par le National Health Service de Grande-Bretagne, a donc inclus 240 participants souffrant de douleurs de la partie moyenne du tendon d'Achille.
Après 6 mois de suivi, les valeurs moyennes du score VISA-A (0 [pires symptômes] à 100 [aucun symptôme]) dans le groupe PRP par rapport au groupe « injection simulée » sont respectivement de 54,4 contre 53,4 (différence moyenne ajustée, -2,7 [IC à 95 %, -8,8 à 3,3]) ; cette différence n’est pas statistiquement significative.
Les effets indésirables les plus fréquents comparés entre les patients du groupe injection de PRP et ceux du groupe injection fictive ont été une gêne au point d'injection (97 vs 73 patients), un gonflement (56 vs 52 patients) et des ecchymoses (48 vs 49 patients).
Des hommes d’âge moyen
Les participants étaient âgés de 52 ans en moyenne et avaient une douleur de la partie médiane du tendon d'Achille depuis plus de 3 mois, avec une tendinopathie confirmée par une échographie, une imagerie par résonance magnétique ou les deux.
Les critères d'exclusion comprenaient des maladies générales habituellement associées à la tendinite comme un diabète ou une polyarthrite rhumatoïde, une grossesse, des antécédents de chirurgie ou de rupture du tendon d'Achille du même côté, une déformation ou une fracture de l'une ou l'autre jambe, au cours des six derniers mois, un traitement antérieur par PRP ou une contre-indication à recevoir une injection de PRP (comme une instabilité hémodynamique, un dysfonctionnement plaquettaire, un cancer actif, une septicémie, un traitement anticoagulant).
Un traitement décevant
La tendinite chronique d'Achille de la partie moyenne est définie comme une dégénérescence du tendon d'Achille et se caractérise par un gonflement et une douleur sur la partie moyenne du tendon, entraînant une gêne à l'activité.
Les traitements actuels de la tendinite chronique de la partie moyenne du tendon comprennent des exercices de rééducation, le port d’orthèses, la prescription de physiothérapie et des injections de plasma enrichi en plaquettes (PRP ou fraction plasmatique du sang du patient) directement au contact de la lésion du tendon d'Achille. Les infiltration péri-tendineuses de corticoïdes ne sont pas encouragées car elles ont été associées à des ruptures du tendon. Les gestes intra-tendineux sont strictement contre-indiqués.
Discordance par rapport aux études chez l’animal
Des preuves précliniques avaient montré que le PRP favoriserait la cicatrisation des tendons, en raison de la forte concentration de facteurs de croissance délivrés par injection au site de la lésion, qui améliorait la régénération du tendon.
Cependant, ces effets n'ont pas été démontrés chez l'homme, y compris dans une revue systématique de 2020 qui a identifié 5 essais cliniques randomisés (201 participants au total) sur les injections de PRP dans la tendinite d'Achille parmi lesquels seule une petite étude (n=60 patients) était positive.
Le score utilisé dans cette étude, le Victorian Institute of Sport Assessment-Achilles score (VISA-A), est une mesure composite de la sévérité de la tendinopathie d'Achille qui contient 8 questions. Il s'agit de la seule mesure validée disponible et spécifique à la tendinite d'Achille.
En pratique
Chez les patients souffrant d'une tendinite chronique de la parte moyenne du tendon d'Achille, le traitement par une seule injection de plasma enrichi en plaquettes (PRP) au contact du tendon ne diminue pas la gêne au tendon d'Achille à 6 mois, par comparaison à une fausse injection sous-cutanée. La limite supérieure de l'IC à 95 % pour la différence exclue un effet cliniquement significatif.
Ces résultats de cette large étude indépendante ne sont donc pas en faveur de l'utilisation de ce traitement dans la tendinite chronique de la partie moyenne du tendon d'Achille… voire des autres tendinites.











