Gynéco-obstétrique

Grossesse : la prise d'ISRS durant la grossesse impacte le neurodéveloppement foetal

Une nouvelle étude révèle que la prise d’antidépresseurs ISRS durant la grossesse aurait un impact sur le neurodéveloppement du fœtus.

  • 10 Avril 2018
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    Des chercheurs new-yorkais rapportent dans une étude récente que l’exposition aux ISRS durant la grossesse peut potentiellement nuire au développement cérébral du fœtus.
    Leurs résultats ont été publiés dans le JAMA le 9 avril 2018.

    Traiter ou ne pas traiter ?

    Une dépression non traitée chez une femme enceinte expose cette dernière à des risques certains, de même que le futur enfant. La décision d’initier, poursuivre ou de suspendre le traitement par ISRS reste un dilemme clinique. Les études précliniques sur les rongeurs indiquent que la dose, le moment et le mécanisme d’action du traitement contribuent tous à certaines répercussions plus tard dans la vie.

    Par ailleurs, la sérotonine (5-hydroxy-tryptamine, 5-HT) joue un rôle essentiel lors du développement neurologique. En effet au sein du cerveau du fœtus, la signalisation 5-HT affecte la prolifération cellulaire, la différenciation, la migration neuronale et la synaptogenèse. Le transport 5-HT est largement exprimé dans le cerveau fœtal, que ce soit dans les neurones sérotoninergiques et non-sérotoninergiques, cibles pour les ISRS. Une signalisation sérotoninergique atypique résultant de l’exposition prénatale aux ISRS pourrait donc altérer le développement du cerveau du fœtus et son fonctionnement ultérieur.

    Des résultats déjà connus chez les rongeurs

    Chez les rongeurs, l’exposition périnatale est associée à un retard de développement moteur, une sensibilité réduite à la douleur, une organisation thalamocorticale perturbée, une arborisation réduite des neurones 5-HT et un fonctionnement du circuit limbique et cortical altéré. Les conséquences comportementales de l’exposition précoce aux ISRS sont une augmentation des comportements anxieux et dépressifs à l’âge adulte (une altération de la réponse au stress par exemple).

    Chez les humains, l’exposition prénatale aux ISRS est associée à une période gestationnelle plus courte, un poids de naissance plus faible, des scores d’Apgar plus bas et un syndrome d’abstinence néonatal.

    L'imagerie chez les nouveaux-nés 

    L’analyse des images IRM recueillies chez 103 nouveaux-nés a permis de constater une augmentation du volume de l’amygdale et de l’insula (un lobe du cortex cérébral) chez ceux qui avaient été exposés aux ISRS. Or, selon les chercheurs, des anomalies du circuit entre ces deux structures peuvent être associées à l’anxiété et à la dépression. En effet, chez les enfants ou les adultes présentant des troubles anxieux, on observe généralement une augmentation du volume de l’amygdale. Il est établi qu’un circuit anormal entre l’amygdale et l’insula mène à une vulnérabilité accrue à l’anxiété et/ou à d’autres troubles de l’humeur. 

    D’autres études humaines et randomisées s’avèrent nécessaires pour comprendre les conséquences de l’exposition gestationnelle aux ISRS sur le développement cérébral du fœtus, et plus tard, sur la sensibilité à des anomalies dépressives, cognitives et motrices. Elles permettraient de savoir quelle est la meilleure prise en charge des troubles psychiatriques durant la grossesse, au bénéfice de la mère et du fœtus.

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