Gynéco-obstétrique

Antidépresseurs pendant la grossesse : pas d’augmentation du risque d'autisme chez les enfants

Deux grandes études ne retrouvent pas d’augmentation significative du risque d'autisme et de TDAH chez les enfants de femmes traitées par antidépresseurs pendant la grossesse.

  • Dubova/epictura
  • 21 Avril 2017
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    Des études antérieures suggérant un risque plus élevé de troubles du spectre autistique chez l'enfant en cas de traitement antidépresseur pendant la grossesse, deux grandes études publiées par JAMA se sont attachées à analyser l’impact d'autres facteurs qui auraient pu influencer ces constatations.

    Bien qu'une relation causale ne puisse pas être totalement exclue, l’augmentation du risque n’est pas retrouvée et l'association précédemment observée semble pouvoir s'expliquer par d'autres facteurs, dont des facteurs maternels.

    Une étude sur les anti-sérotoninergiques et le risque autistique

    Une étude canadienne a évalué l'association entre l'exposition aux antidépresseurs sérotoninergiques (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine ou inhibiteur sélectif de l'inhibiteur de la recapture de la norepinephrine) pendant la grossesse et le risque de troubles du spectre autistique chez l'enfant

    L'étude a analysé 35 906 naissances à un âge gestationnel moyen de 38,7 semaines (âge maternel moyen de 27 ans et durée moyenne de suivi de 5 ans). Sur les 2 837 grossesses (7,9%) exposées aux antidépresseurs, 2% des enfants ont été diagnostiqués ultérieurement avec un trouble du spectre autistique. Les enfants exposés aux antidépresseurs sérotoninergiques présentent un risque plus élevé de troubles du spectre autistique par rapport aux enfants non exposés, mais après ajustement sur près de 500 facteurs confondants, la différence n’est plus statistiquement significative. L'association n’est pas non plus significative lorsque les enfants exposés sont comparés avec des frères et sœurs non exposés.

    Une étude sur l’impact des facteurs confondants

    Dans une étude américaine, des chercheurs de l'Université de l'Indiana ont évalué les hypothèses alternatives pouvant expliquer les associations entre exposition aux antidépresseurs au premier trimestre et les problèmes à la naissance et le développement neurologique ultérieur. L'étude a inclus 1 580 629 naissances suédoises dont 1,4 pour cent (n = 22.544) après utilisation d'antidépresseurs au cours du premier trimestre (auto-déclaration).

    Par rapport à l'absence d'exposition, et après avoir pris en compte le type de la grossesse, les caractéristiques maternelles et paternelles et toutes les caractéristiques familiales stables partagées par les frères et sœurs, l'utilisation d'antidépresseurs chez la mère pendant le premier trimestre de la grossesse est associée à une petite augmentation du risque de naissance prématurée, mais à aucune augmentation du risque de faible poids pour l'âge gestationnel, de trouble du spectre autistique ou de trouble déficit de l'attention / hyperactivité (TDAH).

    En pratique

    Après la méta-analyse parue dans JAMA Pediatrics, 2 nouvelles études suggèrent que l'utilisation des antidépresseurs pendant la grossesse n’augmente pas le risque d’autisme chez les enfants, alors que la santé mentale de la mère pourrait être un facteur de risque prépondérant.

    L’étude canadienne sur près de 36 000 naissances exposées suggère un risque d'autisme accru chez les enfants exposés pendant la grossesse à des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou de la recapture de la sérotonine-norepinephrine. Cependant, l'association n’est plus significative après ajustement pour 500 covariables (dont les variables génétiques) et dans les analyses frères-sœurs.

    L’analyse de 1,6 million de naissances en Suède révèle que, après ajustement pour les facteurs confondants, l'exposition aux antidépresseurs au cours du premier trimestre n’est pas associée à une augmentation du risque d’autisme ou de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité.

    Ces résultats sont cohérents avec l'hypothèse selon laquelle les facteurs génétiques, les facteurs environnementaux familiaux, ou les deux, représentent à l'échelle de la population les principaux facteurs explicatifs du risque d’autisme, éventuellement en lien avec l'exposition aux antidépresseurs au premier trimestre.

    L'absence d'un lien de causalité direct entre l'utilisation des antidépresseurs maternels pendant la grossesse et l’augmentation du risque d’autisme est rassurante pour les médecins et les parents. La prochaine étape est de bien analyser l’impact sur le fœtus des troubles de l'humeur chez la mère en fonction de la prédisposition génétique partagée aux troubles mentaux et neuro-développementaux.

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