Pneumologie
Cancer du poumon : intérêt du dépistage par scanner selon des modalités allégées
Une étude italienne démontre un bénéfice du dépistage du cancer du poumon par scanner bas débit à échéance de 10 ans mais sans insister sur le sevrage tabagique qui doit y être associé. D’après un entretien avec Christos Chouaid.
L’étude italienne MILD, dont les résultats sont parus en juillet 2019 dans Annals of Oncology, a cherché à montrer l’intérêt du dépistage du cancer du poumon par la réalisation de scanners à bas débit via 2 modalités différentes : soit un scanner tous les 2 ans soit un scanner annuel, avec un suivi à 10 ans. Ces deux modalités ont été comparées dans le but de démontrer l’intérêt d’une surveillance allégée.
Un schéma de dépistage qui réduit le taux de mortalité globale
Le professeur Christos Chouaid, chef de service du centre de recherche du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, rappelle que le dépistage est organisé pour 3 cancers : le sein, le colon, et le col de l’utérus. Le dépistage du cancer du poumon représente un enjeu de santé publique dans les pays développés, faisant l’objet d’études depuis une dizaine d’années, mais il fait encore débat. Il explique qu’une première étude, menée aux USA, avait eu un retentissement majeur puisqu’elle avait montré une réduction du risque de mortalité de 20%, qu’elle soit globale ou par cancer, sur une cohorte de 50 000 personnes de plus de 55ans ayant consommé au moins 30 paquets-années, actifs ou sevrés depuis moins de 15 ans et après avoir effectué un scanner annuel pendant 3 ans suivis d’une surveillance téléphonique pendant 30 ans. L’étude italienne MILD a montré, avec un suivi de 10 ans, une réduction du taux de mortalité globale de l’ordre 20%, sans différence significative sur la mortalité par cancer du poumon. Christos Chouaid observe que qu’il n’y a pas de différence en terme de résultats quelle que soit a modalité de dépistage même si plus de cancers opérables ont été diagnostiqués par TDM annuel, ce qui apporte un petit bénéfice en terme de diagnostic précoce.
Le sevrage tabagique doit y être forcément associé
Christos Chouaid explique que le système de santé italien est proche du système français et que la modalité de surveillance allégée, par scanner tous les 2 ans présente un intérêt économique. Cependant, la réflexion pour mettre en place de ce dépistage est encore une question d’actualité à l’HAS, car celui-ci doit être très strict avec une lecture du scanner par un centre expert et une structure administrative lourde. De plus, Christos Chouaid évoque le fait que la prise ne charge du tabagisme, qui constitue le principal facteur de risque, n’est pas prise en compte alors que celle-ci doit être très structurée. Il précise qu’actuellement, le Centre Hospitalier de Créteil utilise des biomarqueurs sanguins pour le dépistage du cancer du poumon, associé à la mise en place d’une organisation autour du sevrage tabagique et que 18% de sujets ont arrêté de fumer au cours de la première année.
En conclusion, le dépistage du cancer du poumon par scanner reste une question d’actualité au sein des autorités sanitaires et l’action sur le facteur de risque majeur qu’est le tabagisme est indissociable de ce dépistage.











