Diagnostic
Covid long : une signature sanguine enfin identifiée ?
Une étude franco-sud-africaine a identifié une interaction inédite entre microcaillots sanguins et filets immunitaires dans le sang des patients atteints de Covid long. Ces biomarqueurs clés pourraient changer la donne du diagnostic.
- Par Stanislas Deve
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- Dmitry Belyaev / istock
Et si le mystère du Covid long était caché dans notre sang ? Une équipe internationale de chercheurs, pilotée par le généticien français Alain Thierry de l’Université de Montpellier, vient de découvrir une association biologique inédite qui pourrait expliquer certains symptômes persistants du Covid long, tels que la fatigue chronique et les troubles cognitifs. Leur étude, publiée dans le Journal of Medical Virology, identifie deux coupables potentiels : les microcaillots sanguins et les pièges extracellulaires de neutrophiles, ou NETs.
Une signature biologique du Covid long ?
Les NETs sont des structures visqueuses d’ADN et d'enzymes, produites par les globules blancs pour capturer les agents pathogènes. Normalement, ces filets immunitaires se désagrègent rapidement après usage. Mais chez certains patients atteints du Covid long, ils persistent et semblent s'associer à des microcaillots, de petits amas sanguins capables de ralentir la circulation dans les vaisseaux capillaires.
Cette théorie des microcaillots avait déjà été avancée par la physiologiste sud-africaine Resia Pretorius en 2021. Elle et Alain Thierry ont aujourd’hui confirmé cette interaction inédite entre NETs et caillots sanguins dans le sang de 50 patients souffrant de Covid long, comparés à 38 individus en bonne santé, issus de cohortes en France et en Afrique du Sud.
Les résultats sont frappants : les patients en question présentent en médiane 19,7 fois plus de microcaillots que les individus sains, et ceux-ci sont de taille significativement plus importante. Plus révélateur encore : les NETs semblent littéralement incrustés dans ces caillots, ce qui pourrait les rendre plus résistants au processus de fibrinolyse, le mécanisme naturel de dissolution des caillots.
Diagnostiquer le Covid long grâce aux biomarqueurs sanguins
"Cette découverte suggère l’existence d’interactions physiologiques qui, lorsqu’elles sont déréglées, peuvent devenir pathogènes", explique Alain Thierry dans un communiqué. Le lien est si marqué qu’une intelligence artificielle a pu identifier les patients atteints de Covid long avec 91 % de précision, simplement à partir de ces marqueurs sanguins.Si des recherches complémentaires sont encore nécessaires, cette étude ouvre une double perspective : mieux diagnostiquer le Covid long grâce à des biomarqueurs sanguins précis, et cibler ces structures pour imaginer de nouveaux traitements. Pour les millions de personnes souffrant d’un Covid long, dont les 4 % de la population adulte française, il s'agit d'une piste prometteuse après des mois, voire des années, d'errance médicale.








