Retrait social

L'étude qui montre les effets de la solitude sur le cerveau des ados

Si un certain goût de la solitude est normal à l'adolescence, il risque dans la durée d'avoir un impact sur le fonctionnement cérébral.

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  • 04 Octobre 2025
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    L'adolescence est avant tout le moment de l'ouverture au monde. Une transition depuis l'enfance centrée sur les parents et la famille qui est une étape naturelle mais qui peut, à travers la socialisation à l'école et l'accès aujourd'hui des adolescents aux réseaux sociaux être un facteur de stress et pousser certains jeunes à se replier sur eux-mêmes. Une réaction qui peut, selon une étude menée à l'hôpital de Boston, avoir des conséquences importantes sur la structure et le fonctionnement de leur cerveau.

    Cette conclusion des effets du retrait social chez les adolescents est apparue après l'analyse de mesures de neuro-imagerie, comportementales et environnementales réalisées auprès d'un groupe de 3 000 jeunes Américains dont les parents avaient décrit une tendance à se replier sur eux-mêmes ou une préférence pour la solitude.

    Des effets de la solitude sur les circuits de la prise de décision

    "Les adolescents socialement isolés présentaient des différences structurelles dans les régions cérébrales responsables du traitement social et émotionnel, notamment l'insula et le cortex cingulaire antérieur", notent les auteurs de ces travaux. Sur un plan fonctionnel, les réseaux cérébraux de ces jeunes présentaient une plus grande fragilité des circuits neuronaux qui soutiennent les comportements sociaux et la prise de décision. "Les effets de l'isolement social sur de nombreux circuits cérébraux suggèrent qu'il peut augmenter le risque de problèmes de santé mentale", ajoutent les chercheurs.

    Conclusion de ces constatations pour les cliniciens : "Si une certaine solitude est normale voire essentielle à l'adolescence, les schémas de repli sur soi persistants méritent une attention particulière". Et les auteurs de l'étude de souligner l'importance de faire comprendre aux familles ce qui se passe dans le cerveau de leur enfant. "En détectant le repli social tôt et en présentant son impact cérébral mesurable, les familles peuvent connaître les risques plus tôt et mettre en oeuvre des stratégies susceptibles de protéger la santé mentale et de favoriser la résilience". Autrement dit, au-delà du constat du goût d'une adolescent pour la solitude, avoir la preuve qu'il peut être lié à un fonctionnement particulier de son cerveau et qu'il n'est pas seulement une posture d'ordre psychologique.

    Le suivi des adolescents permettra d'évaluer la possibilité d'agir pour changer leur comportement

    L'intérêt particulier de ces travaux est qu'ils prévoient un suivi par imagerie tous les deux ans des jeunes intégrés dans cette étude. "Nous pouvons désormais commencer à observer une tendance temporelle dans la façon dont le cerveau se développe et la comparer à celle des enfants qui n'ont pas ce comportement de repli social", soulignent les auteurs de l'étude. 

    Mais surtout, une prochaine phase de ces travaux permettra de déterminer si cette tendance à la solitude persistante laisse des traces durables et d'envisager un éventuel accompagnement de ces adolescents. "Cela permettra de mesurer si une reconnaissance ou un soutien précoce peuvent modifier ce parcours", notent les chercheurs.

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