Elections et débat national

Santé et présidentielles : la gériatrie face aux projets des candidats

Améliorer la prévention, réorganiser les soins ou encore mieux accompagner les aidants font partie des recommandations émises par la communauté gériatrique française à destination du ou de la futur(e) président(e). Quels en sont les détails et quels sont les projets des deux candidats dans le domaine du Grand Age ? 

  • Ridofranz/istock
  • 22 Avr 2022
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    Alors que le deuxième tour des présidentielles approche à grand pas, la communauté des médecins gériatres souhaite faire entendre sa voix et publie ses recommandations à destination du futur gouvernement. Réparties en 8 axes, elles abordent toutes les problématiques liées à la prise en charge des personnes âgées dans l'organisation actuelle de notre société et système de soins. Partant de constats réels et souvent alarmants, les gériatres proposent des solutions concrètes dans chaque domaine abordé. L'occasion pour nous ensuite de faire le point sur les propositions d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour le Grand Age.

    Prévention, organisation des soins, attractivité des métiers du Grand Age et aidants : quels constats et quelles solutions ?

    Premier axe des recommandations, la politique de prévention. Partant du constat suivant « il n'y a pas en France de réelle politique de prévention de la perte d'autonomie », la communauté gériatrique propose entre autres de repenser le parcours de prévention notamment dans les années charnières d'avant retraite, en y intégrant le dépistage des fragilités. Elle souhaite aussi l'organisation d'une campagne de communication nationale dont le message serait « Pour bien vieillir, faites du sport, mangez bien et préservez vos liens sociaux ».

    Le constat en termes d'organisation des soins est aussi très critique « le système de soins actuel est maltraitant envers les personnes âgées ». Pour les remèdes, plusieurs propositions parmi lesquelles promouvoir le développement des compétences et de la culture gériatrique dans le soin, améliorer les prises en charge hospitalières et les transitions ville-hôpital, réfléchir à l'organisation de plateaux de post-urgences avec une forte compétence gériatrique.

    La problématique de l'attractivité des métiers du Grand Age est aussi évoquée et tout aussi alarmant « ils ne séduisent pas car ils sont mal payés et peu valorisés par la société ». Il faudrait alors selon les gériatres revaloriser les salaires, permettre des plans de carrière plus attractifs et   réajuster l'organisation en termes de ressources humaines pour prendre davantage en compte la charge de soins.   

    Sur la thématique des aidants, ils rappellent que « 11 millions d'aidants [font] économiser plus de 8 milliards d'euros à la société, 61% travaillent et 54% ignorent leur statut d'aidant ». Pour les soutenir et élaborer une véritable politique publique pour les proches aidants, la communauté gériatrique propose de reconnaître le statut d'aidant avec des formations et un soutien adapté mais aussi d'ouvrir et renforcer de nouveaux droits sociaux spécifiques, tels que le congé proche aidant indemnisé déjà mis en place par Emmanuel Macron pendant son quinquennat.

    Les propositions des candidats s'axent essentiellement sur les EHPADs et les aidants, les 2 sujets « tendance » du moment

    Le projet présidentiel d'Emmanuel Macron comporte un volet spécifique Grand Age et Autonomie qui montre l'importance accordée à ce domaine. Mais plutôt qu'un projet, c'est en fait un état des lieux des mesures déjà mises en place pendant son quinquennat comme le traduit la phrase d'introduction « Emmanuel Macron a mené une politique très volontariste pour l’autonomie de nos aînés, pour aider les aidants et pour soutenir les professionnels ». Il rappelle ainsi la création de la cinquième branche, autonomie, de la sécurité sociale (32 milliards d'euros par an), le service « autonomie à domicile » créé pour simplifier la charge administrative dans le domaine ou encore le congé proche aidant. En termes de projet : l'ouverture d'EHPAD nouvelles générations plus humains avec la garantie d'un médecin coordinateur deux jours par semaine minimum et l'astreinte infirmier de nuit, la poursuite des expérimentations de plateformes d'accompagnement et de répit pour les aidants. Pour ce qui est de la prévention, c'est assez décevant, une ligne sur un projet déjà initié « Une consultation médicale est obligatoire au passage à la retraite ».  

    Le projet M La France de Marine Le Pen ne comporte pas de volet spécifique Grand Age mais toutefois un certain nombre de propositions dédiées figurent dans son projet Santé. Elle propose une réorganisation du parcours de soins des personnes âgées en créant des urgences gériatriques dédiées, mais aussi en prenant mieux en compte la spécificité des patients âgés avec un rôle essentiel à ce niveau des infirmiers de pratique avancée (IPA). Des propositions un peu similaires à celles d'Emmanuel Macron pour les EHPADs : la présence d'un médecin coordonnateur dans chaque établissement et une infirmière 24h/24. Et enfin les aidants. Marine Le Pen souhaite allonger la durée du congé de proche aidant de 3 mois actuellement à 12 mois et d'en améliorer l’indemnisation. Elle promet aussi la mise en place d'une aide financière spécifique de 300 euros mensuel pour tout aidant faisant le choix de vivre avec son proche dépendant. Pour ce qui est de la prévention, une ligne également seulement, avec un début de phrase prometteur « Donner plus de place à la prévention » mais décevant par la suite car ne concernant pas le Grand Age « notamment grâce aux visites médicales scolaires qui redeviendront systématiques ».   

    A quand la prévention ?

    Les projets présidentiels des deux candidats laissent penser que quel soit le président élu, des réformes seront mises en place pour améliorer la qualité de prise en charge des personnes âgées dans les EHPADs et mieux accompagner les proches aidants. Par contre, ce ne sera sans doute pas dans les 5 ans à venir que la prévention prendra une place plus prépondérante en gériatrie. Un constat regrettable, mais peut être les gériatres arriveront-ils à se faire entendre et changer la donne ?

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    JDF