Pneumologie

BPCO : la toux, un symptôme à ne pas négliger

La toux est symptôme gênant pour les patients BPCO, altérant leur qualité de vie. Sa prise en charge médicamenteuse est possible mais l’effet placebo est bien présent. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.

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  • 01 Jul 2021
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    Une étude russe, dont les résultats sont parus en mai2021 dans l’International Journal of Chronic Obstructive Disease, a cherché à montrer l’efficacité du Rengalin, médicament produit en Russie, ayant ne action contre la toux chronique, chez les patients BPCO. Il s’agit d’une étude randomisée, versus placebo, qui a inclus 238 patients atteints de BPCO modérée à sévère et dont la toux avait une répercussion sur la qualité de vie. Un premier groupe de patients a reçu du Rengalin deux fois par jour pendant quatre semaines et un second groupe a reçu un placebo. Des scores de symptômes et de qualité de vie ont ensuite été évalués.

    Un impact de la toux sur la qualité de vie

    Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, explique que la toux a longtemps été négligée chez le patient atteint de BPCO alors que ce symptôme altère considérablement leur qualité de vie. Les patients « BPCO tousseurs » représentent un phénotype de BPCO à part entière. Leur pathologie est plus sévère et les exacerbations plus fréquentes. Des méta-analyses sur les traitements mucolytiques ont déjà été effectuées et ces traitements auraient peut-être un effet sur la fréquence des exacerbations. Laurent GUILLEMINAULT souligne que dans cette étude, le traitement par Rengalin semble montrer une efficacité mais il y a encore trop de limites à ces résultats.

    Un effet placebo non négligeable

    Laurent GUILLEMINAULT précise que la Rengalin apporte une réponse puisque les patients ayant reçu ce traitement ont gagné un point sur leur score de sévérité de la toux. En effet, 83% des sujets ayant bénéficié du traitement ont été améliorés. Cependant, 72% des sujets ayant reçu le placebo ont également été améliorés. Ainsi, même si la différence reste significative, on se trouve face à un effet placebo majeur, ce qui est habituel dans la toux, souligne Laurent GUILLEMINAULT.  Le CAT-score retrouve également une différence significative entre les deux groupes (3,3 points avec la Rengalin versus 2,5 points avec le placebo) mais l’effet placebo se retrouve encore. Pour Laurent GUILLEMINAULT, ce traitement fonctionne, avec une tolérance plutôt bonne puisqu’aucun effet indésirable grave n’a été relevé mais son effet n’est pas spectaculaire par rapport à l’effet placebo. De plus, cette étude a des limites car elle n'évoque pas de données sur la production de mucus, ni sur la fréquence des exacerbations.

    En conclusion, ces résultats sont potentiellement intéressants notamment en rappelant l’importance de traiter la toux des patients BPCO mais ils ne sont pas encore suffisamment spectaculaires pour faire l’objet de recommandations.

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    JDF