Pneumologie

CBNPC : quels progrès en cas de mutations rares ?

Plusieurs articles ont fait le point sur la réponse aux traitements des cancers bronchiques non à petites cellules, en cas de mutations oncogéniques rares. Des validations prospectives sont encore nécessaires. D’après un entretien avec Michael DURUISSEAUX.

  • 17 Jun 2021
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    Une série d’articles publiés en mai 2021, dans Annals of Oncology pour trois d’entre eux et dans Lung Cancer, a fait le point sur les connaissances et les réponses aux traitements par immunothérapie, en cas de cancer bronchique avec des mutations oncogéniques rares. Les auteurs se sont notamment intéressés aux mutations RET et NRG1, ainsi qu’aux biomarqueurs prédictifs de la réponse à l’immunothérapie. L’impact des mutations oncogéniques sur l’efficacité du traitement est significatif, notamment en cas de co-mutations, qui provoquent des résistances à l’immunothérapie.

    Quid des fusions RET et BRG1 ?

    Le docteur Michael DURUISSEAUX, pneumologue aux Hospices Civiles de Lyon, rappelle que les anomalies oncogéniques de type fusion RET représentent moins de 1% des adénocarcinomes pulmonaires. Elles sont également présentes dans les tumeurs thyroïdiennes papillaires. Cette fusion constitue une prédiction robuste de l’efficacité des médicaments inhibiteurs de la thyrosine kinase, disponibles par voie orale. Lee volume tumorale diminuerait de 65 à 70% et la première rechute surviendrait plus d’un an après le traitement. Michael DURUISSEAUX explique que les autres médicaments « anti-RET » utilisent d’autres voies que les inhibiteurs de la thyrosine kinase et présentent beaucoup d’effets secondaires. Ils sont relativement peu efficaces car peu spécifiques. Il souligne également l’émergence de la fusion oncogénique NTRK, qu’il serait intéressant de cible. Mais il faut pour cela avoir accès à des techniques de séquençage perfectionnées. Pour Michael DURUISSEAUX, le jeu en vaut la chandelle.  Concernant la fusion NRG1, découverte en 2014, et qui concerne 0,3% des cancers pulmonaires (adénocarcinomes mucineux invasifs) et 4 à 5% des cancers du pancréas, Michael DURUISSEAUX explique que, même si c’est une fusion très rare, il faut savoir y penser et la rechercher, après épuisement des ressources, pour envisager une thérapie ciblée.

     Des biomarqueurs prédictifs de l’efficacité de l’immunothérapie

     Michael DURUISSEAUX évoque l’impact des mutation oncogéniques dans la réponse à l’immunothérapie et leur rôle de biomarqueurs prédictifs de l’efficacité du traitement. Il rappelle ce qui est déjà connu: les mutations oncogéniques EGFR, ALK, RET confèrent une absence d’efficacité, certaines mutations liées au tabagisme offrent une meilleure réponse à l’immunothérapie, la mutation KEAP1 rend les traitements peu efficaces…. Pour Michael DURUISSEAUX insiste sur la nécessité d’avoir accès à ce type de mutations en routine, en raison du caractère « immunothérapie-résistant » des co-mutations. Les techniques de séquençages perfectionnées sont encore réalisées dans trop peu de centres et leur développement permettrait une utilisation optimale des biomarqueurs dans le choix des traitements des cancers bronchiques.

    En conclusion, les avancées sur l’impact des mutations oncogéniques dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules sont prometteuses mais il est encore nécessaire d’obtenir des validations prospectives des biomarqueurs pour mieux cibler les thérapies.

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    JDF