Pneumologie

Asthme sévère : le traitement par omalizumab à réévaluer au passage à l’âge adulte

Le passage  à l’âge adultes des adolescents asthmatiques sévères est une transition à négocier tant dans le suivi que dans la thérapeutique. Le maintien sous omalizumab n’est pas forcément de mise et doit être discuté chez tous les patients, même ceux qui vont bien. Des données françaises en vie réelle. D’après un entretien avec Camille TAILLE.

  • 18 Avr 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2024 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’intérêt du maintien de l’omalizumab chez les adolescents asthmatiques sévères, lors du passage à l’âge adulte. Il s’agit d’une étude française,  pour laquelle les auteurs ont utilisé les bases de données de la CPAM, relevant les hospitalisations , les consultations et la consommation des traitements des adolescents asthmatiques sévères. Tous les patients traités par omalizumab entre 2009 et 2019 ont été relevés et, au total, 313 enfants, asthmatiques sévères, traités avant l’âge de 16 ans par omalizumab et suivis pendant 4 ans, ont été inclus. La poursuite ou non du traitement et les causes éventuelles de l’interruption ont été évaluées chez tous ces enfants lors de leur passage à l’âge adulte.

     

    Une période de transition à risque

    Le professeur Camille TAILLE,  pneumologue à l’Hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, et auteure de ce travail, rappelle que le passage à l’âge adulte des adolescents asthmatiques sévère est une transition qui constitue une période à risque, en raison de la perte de suivie potentielle et des éventuelles interruptions de traitement. Elle précis également que cette transition peut aussi correspondre à une amélioration de la maladie asthmatique. Les résultats de cette étude ont montré que 50% des jeunes asthmatiques avaient interrompu l’omalizumab lors du passage à l’âge adulte. Parmi eux, un groupe a interrompu en raison d’un mauvais contrôle de l’asthme et un groupe en raison, au contraire, du bon contrôle de la maladie, ce qui laisse penser que ce second groupe est constitué d’adolescents en rémission.  Camille TAILLE souligne que 30% des adolescents sont en rémission à ce moment de leur vie, soit grâce au traitement par omalizumab soit de manière naturelle. La moitié des patients inclus qui a poursuivi le traitement par omalizumab, avait, pour partie d’entre eux, un asthme mal contrôlé pour lesquels la question du maintien du traitement se pose naturellement et l’autre partie (environ 30%) allait bien sous traitement. Camille TAILLE rappelle qu’en 2019, il n’existait pas d’autre biothérapie, ce qui peut expliquer le maintien du traitement malgré une efficacité peu probante chez certains patients.

     

    Intérêt d’évaluer le maintien du traitement

    Camille TAILLE précise quel la principale limite de ce travail est que ls critères sont issus d’une base de données et ne permet pas de savoir pourquoi il y a eu interruption de traitement ou non. Toutefois, elle souligne que ces résultats sont concordants avec ceux déjà montrés sur une cohorte américaine. Ces résultats suggèrent qu’il est nécessaire dévaluer tous les adolescents asthmatiques sévères au moment du passage à l’âge adulte, qu’ils soient contrôlés ou non, afin de discuter pour tous l’intérêt du maintien du traitement par omalizumab. Lorsque l’asthme est mal contrôlé sous traitement, pourquoi le maintenir ? Si l’asthme est bien contrôlé, le traitement peut être interrompu et le jeune adulte surveillé. Il est donc primordial de surveiller tous les adolescents asthmatique sévères lors de leur transition à l’âge adulte, même s’ils vont bien.

     

    En conclusion, le passage à l’âge adulte des adolescents asthmatiques sévères  est une transition à ne pas manquer  et qui nécessite la plus grande vigilance dans la prise en charge thérapeutique et son intérêt. C’est une période à risque au cours de laquelle il faut éviter les perdus de vue, même lorsqu’ils vont bien.

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    JDF