Enzyme

Obésité : cette découverte de scientifiques toulousains renverse 60 années de recherche

Des chercheurs de l’université de Toulouse et de l’Inserm ont découvert un nouveau mécanisme lié à l’enzyme appelée lipase hormono-sensible. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension de l’obésité.

  • Benjamin Toth/ISTOCK
  • 27 Octobre 2025
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    C’est une découverte majeure dans la compréhension de l’obésité. Des chercheurs de l’Université de Toulouse et de l’Inserm à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC) présentent leurs travaux sur la lipase hormono-sensible. Leur recherche sur cette enzyme remet en question 60 ans de certitudes sur le métabolisme des graisses. Les résultats ont été publiés dans Cell Metabolism. 

    Obésité : quel est le rôle de la lipase hormono-sensible ?

    "Depuis les années 1960, la lipase hormono-sensible (HSL) est connue comme l'enzyme qui permet d'accéder à l'énergie stockée dans nos graisses", expliquent-ils dans un communiqué. Cette enzyme fonctionne comme un interrupteur : elle est activée par les hormones, dont l’adrénaline, pour libérer de l’énergie, sous forme de graisses, lorsque notre organisme en manque. "En l’absence de la protéine HSL, on pourrait supposer que le robinet à énergie est fermé et que les graisses vont inexorablement s’accumuler, développent les auteurs. (…) C’est l’opposé qui se produit : l’absence de cette protéine provoque une baisse de masse grasse, une condition pathologique nommée lipodystrophie." Ils l’ont constaté chez des souris et des patients atteints de mutations du gène codant HSL. 

    Des dysfonctionnements dans les cellules adipeuses en cause 

    Les chercheurs toulousains rappellent qu’il existe un point commun entre la lipodystrophie et l’obésité : elles sont liées à des dysfonctionnements des adipocytes, les cellules graisseuses. Au cours de leurs travaux, les scientifiques ont découvert que la protéine HSL était localisée dans une zone inattendue. Dans les adipocytes, la protéine est connue pour être en surface de "la gouttelette lipidique où elle joue son rôle d’enzyme découpant les graisses". Mais ils ont constaté qu’elle est aussi présente dans le noyau des cellules graisseuses. "Dans le noyau des adipocytes, HSL est capable de s’associer avec de nombreuses autres protéines et de participer à un programme qui maintient une quantité optimale de tissu adipeux et des adipocytes ‘en bonne santé’", indique Jérémy Dufau, co-auteur de l’étude. La quantité de la protéine dans le noyau de ces cellules est contrôlée, notamment grâce aux hormones comme l’adrénaline. 

    Obésité : mieux comprendre cette maladie largement répandue 

    "Ce nouveau rôle pourrait expliquer la lipodystrophie des patients qui n’ont pas de HSL et ouvre des pistes pour mieux comprendre les maladies métaboliques telles que l’obésité et ses complications", concluent les auteurs. Cette découverte pourrait avoir de nombreuses implications à l’heure où les scientifiques parlent d’épidémie d’obésité. Comme le rappelle l’Inserm, un adulte sur deux en France est touché par le surpoids ou l’obésité. À l’échelle de la planète, l’Organisation mondiale de la Santé estime que le nombre d’adultes obèses a doublé depuis les années 1990.  

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