Accès aux soins

Les inégalités économiques augmentent le risque de décès néonatal

Une étude française révèle que les bébés nés dans les communes les plus défavorisées ont un risque de décès néonatal nettement plus élevé. Ces inégalités soulignent l’urgence de renforcer l’accès aux soins et la prévention.

  • puhimec / istock
  • 16 Septembre 2025
  • A A

    Une nouvelle étude française, publiée dans BMJ Medicine, met en évidence de fortes inégalités sociales face à la mortalité néonatale, c’est-à-dire les décès survenant entre la naissance et le 28e jour de vie. Les résultats sont préoccupants : les nouveau-nés de mères vivant dans les communes les plus défavorisées ont un risque de décès nettement supérieur à ceux issus des territoires favorisés.

    Un constat alarmant sur les inégalités territoriales

    "Quelle que soit la période étudiée, les décès de nouveau-nés sont plus nombreux pour les mères qui résident dans les communes les plus défavorisées", explique Jennifer Zeitlin, épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inserm, dans un communiqué. Sur la période 2015-2020, le taux de décès néonatal atteint 3,34 pour 1.000 naissances vivantes dans les 20 % de communes les moins favorisées, contre 1,95 pour 1.000 dans les 20 % les plus favorisées. Soit un risque multiplié par 1,7.

    Victor Sartorius, premier auteur de l’étude, ajoute : "Si toute la population avait le même risque que les 20 % les plus favorisés, environ un quart des décès, soit 2.496 décès de nouveau-nés, auraient pu être évités rien que sur la période entre 2015 et 2020." La comparaison des données entre 2001-2008 et 2015-2020 révèle une hausse de la mortalité néonatale en France métropolitaine. Mais cette augmentation "se concentre uniquement dans les territoires défavorisés, alors que la mortalité est restée stable dans le reste du pays", précise Jennifer Zeitlin.

    Des pistes pour améliorer la prise en charge

    Les chercheurs évoquent plusieurs explications : tabagisme, surpoids ou pollution, qui accroissent les risques de prématurité et de faible poids de naissance, eux-mêmes associés à une mortalité accrue. Mais les causes relèvent aussi de l’organisation des soins. "L’accès aux soins et la capacité des résidents à se saisir du système de santé est réduit dans les territoires défavorisés", rappelle Victor Sartorius. La saturation des unités de néonatologie et le manque de personnels pourraient également peser.

    Améliorer la formation et adapter les infrastructures

    "Selon une récente analyse de la Haute Autorité de santé, 57 % des événements indésirables graves liés aux soins chez les nouveau-nés auraient pu être évités", souligne Jennifer Zeitlin. Pour réduire ces inégalités, les chercheurs recommandent des audits locaux en périnatalité, à l’image de celui mené en Seine-Saint-Denis en 2015. Renforcer les effectifs, améliorer la formation et adapter les infrastructures font aussi partie des solutions envisagées.

    "Notre étude montre à quel point les populations défavorisées sont en première ligne face à la mortalité néonatale et souligne l’urgence de mettre en place des mesures de santé publique ciblées", conclut Jennifer Zeitlin.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.