Maladie parodontale

Alzheimer : une infection buccale en cause ?

Une bactérie, responsable de maladies parodontales, pourrait être impliquée dans le développement de la maladie d’Alzheimer. 

  • Rafa Jodar/ISTOCK
  • 10 Septembre 2025
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    La maladie d’Alzheimer demeure mystérieuse pour les scientifiques. S’ils ont identifié certains de ses mécanismes, de nombreux facteurs de risque restent inconnus. Dans Science Advances, des chercheurs ont révélé que l’hygiène bucco-dentaire pourrait être en cause. Ils ont observé la présence d’une bactérie associée aux maladies parodontales, dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. 

    Maladie parodontale : une infection préalable à l’apparition de la maladie d’Alzheimer ?

    Appeleée Porphyromonas gingivalis, elle est notamment responsable des parodontites chroniques. Au cours de ses travaux, l'équipe a identifié des enzymes toxiques, appelées gingipaïnes, sécrétées par cette bactérie dans le cerveau de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les taux de ces enzymes étaient corrélés à ceux de deux marqueurs distincts de la maladie : la protéine tau et une protéine appelée ubiquitine. 

    Les gingipaïnes toxiques ont été également retrouvées dans le cerveau de personnes décédées chez qui la maladie d'Alzheimer n'avait jamais été diagnostiquée. "Notre identification d'antigènes de gingipaïne dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, mais sans diagnostic de démence, suggère que l'infection cérébrale à P. gingivalis n'est pas le résultat d'une mauvaise hygiène dentaire après l'apparition de la démence ni la conséquence d'un stade avancé de la maladie, mais un événement précoce pouvant expliquer la pathologie observée chez les personnes d'âge moyen avant le déclin cognitif", estiment les auteurs dans leur article.

    Bactérie : vers de nouveaux traitements contre la maladie d’Alzheimer ? 

    Dans la seconde partie de leurs travaux, les chercheurs ont testé ces hypothèses sur des souris. Lors d'expériences distinctes menées sur ces rongeurs, ils ont constaté qu’une infection buccale par cet agent pathogène a entraîné une colonisation cérébrale par la bactérie, ainsi qu'une augmentation de la production de bêta-amyloïde, des protéines associées à la maladie d’Alzheimer. "Pour la première fois, nous disposons de preuves solides reliant le pathogène intracellulaire à Gram négatif P. gingivalis à la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer", estime Stephen Dominy, auteur principal de la recherche.

    Pour David Reynolds, directeur de l’association britannique Alzheimer’s Research, cette étude est une nouvelle étape dans la recherche d’un traitement contre la maladie. "Les médicaments ciblant les protéines toxiques des bactéries n'ont jusqu'à présent montré de bénéfices que chez la souris, rappelle-t-il dans un communiqué. Pourtant, en l'absence de nouveau traitement contre la démence depuis plus de 15 ans, il est important de tester autant d'approches que possible pour lutter contre des maladies comme la maladie d’Alzheimer."

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