Développement cérébral

Les violences conjugales pendant la grossesse modifient le cerveau du bébé

Les bébés nés d’une mère ayant subi des violences conjugales durant la grossesse, présentent un développement cérébral altéré et des changements dans la structure du cerveau.

  • Par Sophie Raffin
  • kieferpix/istock
  • 22 Fév 2023
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    Grandir dans un foyer dans lequel les coups font partie du quotidien n’est jamais sans conséquence pour les enfants. Une étude de l’université de Bath (Angleterre) en donne une nouvelle fois la preuve. Elle a démontré que les violences conjugales subies pendant la grossesse ont un impact significatif sur le développement du cerveau des bébés. 

    Les violences conjugales altèrent la structure du cerveau des nourrissons

    Les chercheurs ont fait passer des IRM cérébrales à 143 nourrissons sud-africains dont les mères avaient été victimes de violences conjugales pendant la grossesse. Il pouvait s’agir d’abus ou d’agressions psychologiques, physiques et/ou sexuels.

    Les examens ont été réalisés lorsque les bébés n'avaient que trois semaines en moyenne "de sorte que tout changement observé soit susceptible de s'être développé à l'intérieur de l'utérus", précisent les auteurs. Ces analyses ont révélé que l'exposition maternelle à la violence conjugale pendant la grossesse est associée à des altérations de la structure cérébrale chez les nourrissons.

    "Les changements précoces des structures cérébrales peuvent expliquer pourquoi les enfants dont les mères subissent des niveaux élevés de stress durant la grossesse sont plus susceptibles d'avoir des problèmes psychologiques dans l'enfance ou plus tard dans la vie", estiment les auteurs dans leur communiqué.

    Violences conjugales : des effets différents selon le sexe du bébé

    Les scientifiques ont également remarqué que les effets d’une exposition aux violences conjugales diffèrent selon le sexe du bébé. 

    Les petites filles dont la mère a vécu sous les coups ou les abus psychologiques pendant la grossesse, sont plus susceptibles d’avoir une petite amygdale. C'est-à-dire une zone du cerveau impliquée dans le développement émotionnel et social.

    Chez les garçons, l'exposition à la violence domestique était plutôt associée à un noyau caudé plus grand. Ce dernier joue un rôle dans diverses fonctions comme le contrôle moteur et l'exécution du mouvement ainsi que les processus attentionnels, l’apprentissage, la mémoire ou encore la motivation.

    Pour l’équipe ayant mené les travaux présentés dans la revue Developmental Cognitive Neuroscience, les différences de développement du cerveau observées selon les sexes peuvent "aider à expliquer pourquoi les filles et les garçons présentent souvent des problèmes de santé mentale différents".

    La chercheuse principale, la Dr Lucy Hiscox, ajoute : "Nos résultats sont un appel à agir sur les trois “R” de la sensibilisation à la violence domestique : Reconnaître, Réagir et Référer. Prévenir ou agir rapidement pour aider les femmes à échapper à la violence domestique peut être un moyen efficace de soutenir le développement sain du cerveau chez les enfants."

    Les enfants ayant participé à la recherche à l'âge de 3 semaines ont aujourd’hui entre 8 et 9 ans. Des suivis sont actuellement réalisés afin de déterminer si les différences de structure cérébrale observées à leur naissance persistent ou pas à mesure qu'ils vieillissent.

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    JDF