Gynéco-obstétrique

Ménopause : un traitement non-hormonal efficace sur les bouffées de chaleur

Une étude de phase 3 montre que le fezolinetant réduit la fréquence et la sévérité des bouffées de chaleur de la ménopause sur le long terme

  • fizkes/istock
  • 25 Mar 2023
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    La ménopause entraîne une diminution de la production d'œstrogènes et de progestérone par les ovaires qui peut causer des symptômes gênants, tels que les bouffées de chaleur, une transpiration excessive, des troubles du sommeil, des changements d'humeur, des douleurs articulaires, une sécheresse vaginale et une diminution de la libido.

    Pour atténuer ces symptômes, de nombreuses femmes optent pour un traitement hormonal substitutif (THS), qui n'est pas sans risques, car il peut augmenter le risque de cancer du sein, de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux.

    C'est pourquoi de nombreux chercheurs s'intéressent aux traitements non hormonaux pour soulager les symptômes de la ménopause. Récemment, une étude de phase 3 a montré que le fezolinetant, un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3, était efficace pour réduire la fréquence et la gravité des bouffées de chaleur de la ménopause.

    Ménopause : un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3

    Les antagonistes des récepteurs de la neurokinine 3 sont de potentiels traitements non hormonaux dans le traitement des symptômes vasomoteurs des femmes ménopausées, car les options sont rares pour celles qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre d'hormonothérapie. Les antagonistes des récepteurs de la neurokinine 3 sont des substances qui bloquent l'action de la neurokinine 3, une protéine présente dans le cerveau qui joue un rôle clé dans la régulation de la température corporelle. En bloquant cette protéine, le fezolinetant réduit la fréquence et l'intensité des bouffées de chaleur.

    Le fezolinetant est l'un des premiers antagonistes non hormonaux des récepteurs de la neurokinine 3 en cours de développement pour le traitement des symptômes vasomoteurs liés à la ménopause. Dans une étude de phase 3 de 52 semaines (SKYLIGHT 2) présentée lors du dernier congrès ENDO 2022 et publiée dans The Lancet, le fezolinetant réduit de manière significative la fréquence et la gravité des symptômes vasomoteurs (VMS) modérés à sévères, ou bouffées de chaleur, associés à la ménopause.

    Ménopause : une étude randomisée en 2 temps

    L'étude de phase 3, appelée SKYLIGHT 2, a été menée auprès de 501 femmes ménopausées âgées de 40 à 65 ans. Ces femmes souffraient en moyenne de sept bouffées de chaleur modérées à sévères ou plus par jour. Pendant 12 semaines, les femmes ont reçu soit un placebo, soit l'une des deux doses quotidiennes de fezolinetant (30 mg ou 45 mg).

    Au cours de la période d’extension, les patients sous placebo ont été re-randomisés pour recevoir 30 mg ou 45 mg de fezolinetant, et ceux qui étaient initialement sous fezolinetant ont conservé leur dose pendant les 40 semaines restantes. L'analyse de la période de prolongation a porté sur 484 femmes.

    Bouffées de chaleur : des résultats prometteurs

    Les résultats de l'étude montrent que le fezolinetant réduit de manière significative la fréquence et la gravité des symptômes vasomoteurs (VMS) modérés à sévères, ou bouffées de chaleur, associés à la ménopause. Comparé au placebo, le fezolinetant 30 mg et le fezolinetant 45 mg réduisent significativement la fréquence et la sévérité des symptômes vasomoteurs dès la première semaine de traitement et maintiennet leur efficacité sur 52 semaines.

    Les femmes qui ont été re-randomisées du placebo au fezolinetant ont connu une réduction de la fréquence et de la sévérité des VMS de la même magnitude que celle des femmes initialement randomisées dans le groupe fezolinetant. Le traitement a également réduit les troubles du sommeil tels qu'évalués par le Patient-Reported Outcomes Measurement Information System Sleep Disturbance (PROMIS SD SF 8).

    Ménopause : une bonne tolérance

    23 participants dans le groupe placebo, 31 dans le groupe fezolinetant 30 mg et 13 dans le groupe fezolinetant 45 mg ont arrêté le traitement avant la semaine 12, principalement en raison d'effets indésirables ou de l'abandon des participants. Au cours des 12 premières semaines, des effets indésirables apparus sous traitement ont été observés chez 65 (37%) des 174 femmes du groupe fezolinetant 30 mg, 75 (43%) des 173 femmes du groupe fezolinetant 45 mg, et 78 (45%) des 175 femmes du groupe placebo.

    L'incidence des élévations des enzymes hépatiques est faible (placebo n=1 ; fezolinetant 30 mg n=2 ; fezolinetant 45 mg n=0) et ces événements sont généralement asymptomatiques, transitoires et disparaissaient pendant le traitement ou après l'arrêt du traitement.

    Les données confirment l'innocuité et la tolérabilité globales observées précédemment pour le fezolinetant aux doses de 30 et 45 mg.

    Ménopause et syndrome vasomoteur en pratique

    L'étude est randomisée versus placebo pendant 12 semaines, puis prolongée en aveugle pendant 40 semaines afin d'évaluer le maintien de l'effet. En outre, la population étudiée est diversifiée et représentative de la population cible potentielle du traitement par fezolinetant. Une caractérisation plus poussée des bénéfices du fezolinetant sur la qualité de vie, y compris sur les symptômes de l'humeur et du bien-être sexuel, mérite d'être étudiée.

    Au final, ces données sont en faveur de l’utilisation du fezolinetant chez les femmes ménopausées souffrant de bouffées de chaleur et ne désirant pas ou ne pouvant pas prendre de traitement hormonal substitutif.

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    JDF