Médecine générale

CBD : un « cannabis light » aux risques pas toujours légers

L'utilisation du cannabidiol, ou CBD a le vent en poupe. Ni psychotrope ni stupéfiant, du fait d'une très faible teneur en THC, il comporte toutefois des risques notamment en cas de prise médicamenteuse associée. On fait le point sur ce qu'un professionnel de santé doit savoir à ce sujet.

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  • 17 Déc 2022
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    Le cannabidiol ou CBD est commercialisé en France en toute légalité sous différentes formes : huiles, tisanes, cosmétiques ou encore sucreries. Revendiqué comme favorisant le bien être, il serait utile pour soulager le stress, l'anxiété ou encore la douleur. D'un point de vue de la réglementation, ce n'est ni un stupéfiant, ni un psychotrope du fait que sa teneur en THC (tetrahydrocannabinol) n'excède pas 0,3%.

    Mais dans un récent communiqué, l'Académie nationale de médecine « appelle à l'attention sur les risques liés à [son] usage ». On fait le point sur ce cannabis bien-être, facilement utilisé à des fins thérapeutiques en dehors de tout cadre médical. En tant que professionnel de santé, que faut-il impérativement savoir sur cette substance ?

    Un risque avéré d'interactions médicamenteuses

    Il faut tout d'abord avoir en tête le risque d'interactions médicamenteuses, un risque évidemment « d’autant plus élevé que la dose de CBD consommée est élevée » précise le communiqué de l'Académie de Médecine. Un des mécanismes d'interaction passe par l'inhibition du cytochrome P450, même vigilance donc que pour le bien connu pamplemousse inhibant lui aussi cette voie. Cependant pour le CBD, les effets peuvent être beaucoup plus puissants et il peut donc d'autant plus réduire ou augmenter les effets de certains médicaments et leurs effets indésirables.

    Parmi les interactions médicamenteuses les plus courantes (non exhaustif), on trouve : des antidépresseurs (amitriptyline, clomipramine), des contraceptifs oraux (ethinylestradiol), des antalgiques (fentanyl), le lévothyrox, ou encore certains anticoagulants (coumadine, warfarine). En 2020 déjà, des chercheurs américains avait alerté sur ce risque et dressé une liste de 57 médicaments  potentiellement affectés par l'utilisation concomitante de cannabinoïdes du fait d'un index thérapeutique étroit.

    Un risque en cas de conduite automobile ?

    L'Académie de médecine appelle à d'autres points de vigilances quant à l'utilisation du CBD. La survenue, comme pour toute substance pharmacologique, d'effets indésirables : troubles digestifs, toxicité hépatique, somnolence, fatigue. Des effets qui augmente logiquement avec la dose par prise et la prise quotidienne.

    Elle alerte aussi sur les risques de la consommation de ce « cannabis light » en cas de conduite automobile. Ne s'agissant pas d'un stupéfiant, son usage associé à la conduite d'un véhicule est autorisé. Cependant souligne l'Académie « les produits contenant du CBD contiennent toujours du THC, mais en quantité variable, ce dont le consommateur n’est pas forcément clairement informé […] il est donc possible que le prélèvement d’un utilisateur de CBD soit testé positif pour le THC dans le cadre de la sécurité routière ».

    Mieux informer les utilisateurs pour limiter les risques

    Au regard de ces risques, l'Académie nationale de médecine préconise qu'il soit précisé sur les emballages des produits non pharmaceutiques contenant du CBD, entre autres, les risques d'interaction médicamenteuse et les risques associés à la conduite automobile.

    Elle souhaite aussi une harmonisation de la réglementation des produits contenant du CBD. Pour le moment, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a suspendu l'évaluation du CBD dans l'attente de données complémentaires sur sa sécurité d'emploi. En attendant, soyons vigilants et informons autant que possible nos patients consommateurs sur les risques potentiels.

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    JDF