Onco-sein

Cancers du sein triples négatifs avancés : un traitement multicibles prometteur ?

Présentés oralement à l’Esmo Breast Cancer Congress 2022, les résultats préliminaires, en termes de taux de réponse, de l’essai BEGONIA combinant le Datopotamab Deruxtecan et le Durvalumab dans les cancers du sein triples négatifs avancés ou métastatiques sont plus qu’encourageants.

  • Marcin Klapczynski/istock
  • 30 Mai 2022
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    Bien qu’encore à l’essai, le Datopotamab Deruxtecan, combinant un anticorps monoclonal humanisé anti TROP2, relié via un tétrapeptide à un dérivé de l’exatécan, une charge inhibitrice de la Topoisomérase 1, a déjà prouvé son potentiel thérapeutique dans la population des cancers de sein triples négatifs avancés ou métastatiques, via notamment l’essai TROPION (taux de réponse de 34% dans une population pré traitée).

    Quoi de plus attractif que de se poser la question de l’intérêt d’une combinaison avec un inhibiteur de check point, motivée par les données de Keynote 355, dans cette population de malades, au pronostic toujours extrêmement sombre et représentant plus de 9000 patientes en France chaque année ?

    Indépendamment du statut PDL1 et TROP2.

    Les résultats de l’essai de phase 1b/2 BEGONIA, testant en 1ère ligne des cancers du sein avancés ou métastatiques triples négatifs, une association de Datopotamab Deruxtecan et Durvalumab, présentés oralement par P.Schmid à l’Esmo Breast Cancer, démontre un taux de réponse de 74%, avec un profil de tolérance tout à fait acceptable.

    En pratique, en date de Novembre 2021, 29 patientes présentant un cancer du sein non résécable métastatique ou avancé, triple négatif, éligible à une première ligne de traitement, indépendant du statut PDL1 ou TROP2, ont été incluses dans l’essai de phase 1b/2 mono bras, BEGONIA, pour recevoir le Datopotamab Deruxtecan (6 mg/kg toutes les 3 semaines, IV) associé au Durvalumab (1120 mg toutes les 3 semaines, IV) jusqu’à progression ou toxicité limitante.

    Avec un âge médian de 51 ans, la grande majorité des patientes (72,4%) avait une faible expression de PDL1 (<5%). Ce statut était inconnu pour 10,3% d’entre elles et élevé (>5%) pour 17,2% des patientes. Le critère de jugement principal était la tolérance, les critères de jugements secondaires le taux de réponse objective selon les critères RECIST et la durée de réponse.

    Un taux de réponse objective de 74%

    Bien qu’encore très précoce, avec un suivi médian de 3,9 mois, permettant une évaluation scanographique interprétable chez 27 patientes, l’étude démontre un réel potentiel de la combinaison : on observe un taux de réponse objective de 74% (20 patientes) dont 7% (2 patientes) de réponse complète, et 67% de réponse partielle (18 patientes), indépendamment du statut PDL1. La médiane de durée de réponse n’a évidemment pas été atteinte.

    Concernant la tolérance, aucune toxicité limitante n’a été observée, avec des effets secondaires attendus et connus de ces molécules en monothérapie, sans potentialisation. Toutes les patientes ont eu au moins un effet secondaire tout grade confondu, dont 28% un grade 3-4, aucun décès toxique n’a été observé. Les effets secondaires les plus fréquents ont été : les stomatites (69%, dont 14% de grade3), les nausées (66%), l’alopécie (66%).

    14% des patientes ont eu une diminution de dose du Datopotamab Deruxtecan, exclusivement due à une stomatite, et une interruption de traitement chez 3% d’entre elles concernant le Datopotamab deruxtecan et 14% concernant le Durvalumab.

    Il est certes difficile de tirer des conclusions de données aussi précoces et d’un effectif aussi faible, mais il est évidement que nous attendons avec impatience les résultats futurs de cette combinaison dont le potentiel thérapeutique est prometteur.

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    JDF