Pneumologie

BPCO : HTAP, anomalies vasculaires et imagerie

Une hypothèse physiopathologique différente entre la BPCO avec HTAP modérée et la BPCO avec HTAP sévère laisse supposer qu’il s’agit de deux maladies distinctes et que la valeur de la tension artérielle pulmonaire est associée à la mortalité. D’après un entretien avec Patrick Berger.

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  • 14 Mars 2019
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    Deux études, l’une parue en février 2019, dans l’International Journal of Chronic Obstructive Pulmonary Disease et l’autre parue en janvier 2018 dans le Journal of Respiratory Critical Care Medicine, se sont penchées sur l’indication d’une imagerie  vasculaire chez des sujets porteurs d’HTAP secondaire à une BPCO, idiopathique ou secondaire à une embolie pulmonaire. Les résultats de ces deux études sont contradictoires, ce qui serait expliqué par l’existence d’une valeur seuil d’ HTAP modifiant le pronostic de la BPCO.

     

    Un score prédictif de l’HTAP chez le sujet BPCO

     

    La première étude a sélectionné 24 patients BPCO, 16 patients porteurs d’une HTAP idiopathique et 19 patients atteints d’HTAP secondaire. La valeur de l’HTAP était toujours supérieure à 35 mmHg. Un score « d’empreinte » mesurant l’épaisseur des bronches au scanner, le pourcentage de surface occupé par les vaisseaux pulmonaires distaux et la PAO2 de base a été évalué. Ce score apparait d’autant plus élevé que l’épaisseur des bronches et la surface occupée par les vaisseaux sont  importantes et la PAO2 basse. Le docteur Patrick Berger, pneumologue au HCU de Bordeaux, explique que ce score peut prédire une HTAP chez le sujet BPCO mais qu’il n’est pas utilisable pour les sujets atteints d’HTAP idiopathique. L’intérêt de ce score, spécifique à la BPCO, est de sélectionner les patients qui doivent bénéficier d’un cathétérisme cardiaque, car plus le score est élevé plus la prédiction de l’existence d’une HTAP est grande.

     

    Une BPCO avec HTAP modérée est une maladie différente d’une BPCO avec HTAP sévère

     

    La seconde étude, incluant une cohorte beaucoup plus importante, apporte des résultats contradictoires  puisqu’il apparait qu’une réduction du lit vasculaire distal provoque une augmentation de la mortalité, quel que soit le volume vasculaire distal. Patrick Berger rappelle que cette étude a pris en compte 4 paramètres que sont le volume bronchique, le volume vasculaire distal, le VEMS et la présence ou non d’emphysème. Le volume vasculaire distal apparait donc comme un marqueur clé de la mortalité dans la BPCO. Le lien entre la surface des vaisseaux pulmonaires est inversement corrélé à la tension artérielle pulmonaire avec un seuil maximal de 35 mmHg. Au-delà, la corrélation devient positive. Cela laisse supposer que dans cette seconde étude, les sujets avaient une HTAP modérée.

     

    En conclusion, la sévérité de l’HTAP dans la BPCO permet de distinguer deux maladies physiopathologiquement différentes en fonction du seuil de tension artérielle pulmonaire. Ces résultats permettraient d’affiner la sélection de sujets bénéficiant d’un cathétérisme cardiaque et de se faire une meilleure idée du pronostic.

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