Pneumologie

Hypertension pulmonaire : des biomarqueurs pour évaluer le pronostic

Des biomarqueurs, dont trois cytokines pourraient représenter une avancée  majeure sur la stratification du risque et la prédiction de survie au cours de l’hypertension pulmonaire. Ces nouvelles tendances et perspectives pourraient avoir un impact non négligeable dans la prise en charge de l’hypertension pulmonaire.

  • 15 Jun 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2023 dans l’European Respiratory Journal, a évalué l’intérêt des cytokines comme biomarqueurs  pronostiques de l’inflammation pulmonaire au cours de l’hypertension artérielle pulmonaire idiopathique, héréditaire ou médicamenteuse, en plus des marqueurs de la dysfonction ventriculaire droite, au moment du diagnostic et au cours du premier suivi. Pour cela, les auteurs ont réalisé une étude  de cohorte, prospective, ayant inclus 80 patients. Un panel de 20 biomarqueurs a été évalué et la valeur pronostique des cytokines a ensuite été analysée dans une cohorte de validation externe de 125 patients, atteints d’hypertension artérielle pulmonaire.

     

    Une avancée sur la stratification du risque

    Le professeur Olivier SITBON, pneumologue dans le service de pneumologie et de soins intensifs respiratoires de l’hôpital  Bicêtre, responsable du Centre de Référence de l’Hypertension Pulmonaire,  et auteur de ce travail rappelle que la stratification du risque et la recherche de facteurs pronostics sont des points importants pour décider de la prise en charge thérapeutique et modifier les éléments de suivi au cours de l’hypertension pulmonaire. Il explique que la dysfonction ventriculaire droite est évaluée par les données cliniques, la capacité d’exercice, l’échographie cardiaque, et les marqueurs  cardiaques biologiques que sont le BNP, et le pro-BNP. L’objectif thérapeutique pour avoir un bon pronostic, en évaluant la fonction cardiaque droite est d’atteindre une classe fonctionnelle 1 ou 2, un test de marche acceptable, des EFR satisfaisantes et un taux de BNP normal. Olivier SITBON précise que l’utilisation de biomarqueurs qui identifieraient l’inflammation pulmonaire plutôt que la dysfonction ventriculaire droite serait un excellent biomarqueur de la maladie. Les auteurs de ce travail ont déterminé trois cytokines qui ont un intérêt en termes de facteurs pronostiques, indépendamment des maladies déjà associées au pronostic. Ces biomarqueurs auraient un intérêt tant au moment du diagnostic que pour le suivi, dont on sait qu’il  un impact majeur sur le pronostic et la prédiction du décès ou de la transplantation, considérée comme un échec.

     

    Une puissante prédiction de survie

    Olivier SITBON souligne que cette étude a montré que les biomarqueurs peuvent prédire la survie plus précisément que les BNP, la classe fonctionnelle ou le test de marche. La puissance pronostique de ces biomarqueurs en plus des marqueurs habituels est donc très augmentée. Ces résultats ont été validés une seconde fois et confirmés par un travail sur une cohorte anglaise. L’utilisation de ces trois cytokines comme potentiels marqueurs pronostiques permettrait d’adapter la thérapeutique. De plus, il s’agit d’un test simple, réalisable au lit du malade, mais dont la complexité des techniques de laboratoire ne le rend pas disponible à l’heure actuelle. Olivier SITBON ajoute que même si le malade a déjà un bon pronostic, il existe un intérêt supplémentaire au dosage de ces trois cytokines.

     

    En conclusion, trois cytokines pourraient être utilisées comme biomarqueurs de l’inflammation pulmonaire en plus des marqueurs de la dysfonction ventriculaire droite, ce qui pourrait optimiser la stratification du risque et la prédiction de survie. Même s’ils sont techniquement non encore utilisables, ces marqueurs représentent une perspective intéressante.

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    JDF