Pneumologie

Hypertension artérielle pulmonaire : une nouvelle voie thérapeutique avec le sotatercept !

Un essai clinique vient de monter l’efficacité du sotatercept au cours de l’hypertension artérielle pulmonaire, maladie vasculaire pulmonaire rare et grave qui souffre encore du manque de thérapies efficaces. L’autorisation de mise sur le marché par les autorités de santé est en attente. Avec la collaboration de Marc HUMBERT.

  • 01 Jun 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2023 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité du biotraitement par sotatercept dans la prise en charge de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Il s’agit d’un essai clinique de phase 3, nommé STELLAR. C’est un essai randomisé, en double aveugle au cours duquel les auteurs ont inclus 323 patients adultes atteints d’HTAP, bénéficiant d’un traitement de fond stable. La moitié des patients (163) inclus a reçu du sotatercept en injection sous-cutanée toutes les 3 semaines, à la dose initiale de 0,3 mg/kg avec comme objectif la dose de 0,7 mg/kg, et l’autre moitié (160) a reçu un placebo. Le critère d’évaluation principal était le test de marche de 6 minutes et son évolution à la 24ème semaine. Neuf autres critères d’évaluation ont également été testés de façon hiérarchisée. Le sotatercept est une protéine de fusion qui agit comme un piège à ligands du récepteur de type IIA de l’activine, ce qui inhibe la signalisation de l’activine à l’origine de la prolifération vasculaire pulmonaire et de l’augmentation des résistances vasculaires dans l’HTAP.

     

    Des innovations thérapeutiques nécessaires

    Le professeur Marc HUMBERT, chef du Service de Pneumologie et de Soins Intensifs Respiratoires, et du Centre de Référence de l’Hypertension Pulmonaire, de l’Hôpital Bicêtre et auteur de ce travail a conduit ce travail car un essai antérieur de phase 2 publié également dans le New England Journal of Medicine  en 2021 avait montré que le sotatercept réduisait les résistances vasculaires pulmonaires, au cathétérisme cardiaque et que la sécurité et la tolérance du produite étaient satisfaisantes. Pour mémoire, l’HTAP est actuellement prise en charge par des médicaments vasodilatateurs qui améliorent la qualité de vie des patients, notamment à l’effort, ralentissent l’évolution de la maladie sans pour autant permettre la guérison, puisque l’espérance de vie moyenne est de 7 ans seulement. La compréhension des mécanismes physiopathologiques de l’HTAP a permis de nouvelles découvertes thérapeutiques ayant pour objectif de cibler la prolifération vasculaire. Un grand espoir est donc permis grâce aux biothérapies.

     

    Une avancée importante dans la prise en charge de l’HTAP

    Marc HUMBERT et les co-auteurs de ce travail ont obtenu les résultats suivants : entre l’état initial et la 24ème semaine, la différence de distance au test de marche de 6 minutes entre le groupe traité et le groupe placebo était de près de 41 mètres. Ces résultats sont très significatifs. La différence a également été significative pour les huit premiers critères de jugement secondaires. Concernant la tolérance du produit, les effets indésirables les plus fréquents étaient hématologiques (augmentation du taux d’hémoglobine, thrombocytémie), hémorragiques (épistaxis) et cutanés (télangiectasies).

    En conclusion, le sotatercept fait partie des innovations thérapeutiques de grand intérêt et donne de bons espoirs pour traiter l’HTAP, avec un profil de sécurité acceptable. Les autorités sanitaires examinent la possibilité d’une autorisation de mise sur le marché.

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    JDF