Pneumologie

Pneumonies de l’enfant : une revue pour éviter l’abus d’antibiotiques

 Le spectre des pathogènes responsables de pneumonies hospitalisées et non hospitalisées chez l'enfant a été réévalué. Différentes étiologies appariassent en fonction de l’âge avec une prédominance virale chez le très jeune enfant, ce qui peut permettre  de faire évoluer les stratégies d’antibiothérapies à la baisse. D’après un entretien avec Antoine DESCHILDRE.

  • 12 Jan 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2022 dans ERJ Open Research, a fait le point sur l’étiologie des pneumopathies de l’enfant, avec ou sans hospitalisation. Il s’agit d’une étude allemande qui a inclus plus de 400 enfants, hospitalisés ou ambulatoires. Les critères d’inclusion de ces enfants devaient confirmer la présence d’une pneumopathie. La population étudiée a été très bien phénotypée et tout le spectre pédiatrique a été observé, du plus jeune âge à l’adolescence. Un germe a été isolé dans plus de 90% des cas. Ces germes ont été classés en fonction de l’âge et le traitement proposé à chacun a été évalué.

     

    Des étiologies différentes selon l’âge

    Le docteur Antoine DESCHILDRE, pneumo-pédiatre au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, souligne l’intérêt de ce travail qui fait le point sur les étiologies des infections respiratoires basses de l’enfant, allant de la petite enfance à l’adolescence, avec ou sans hospitalisation. Ce spectre élargi permet donc d’offrir une vision de ce qui se passe en ville, dans un pays  peu différent de la France sur le plan épidémiologique. Il insiste également sur l’intérêt du grand nombre de sujets inclus dont les critères d’inclusion permettent de confirmer le diagnostic de pneumopathie. Globalement, plus l’enfant est jeune, plus l’étiologie virale est fréquente. C’est le virus respiratoire syncitial qui l’emporte en terme de fréquence, suivi par les rhinovirus. Chez l’enfant de plus de 10 ans, l’étiologie bactérienne est plus souvent observée avec de bactéries comme le pneumocoque ou le staphylocoque. En ambulatoire, les germes intra cellulaires comme le mycoplasme sont régulièrement retrouvés. Antoine DESCHILDRE explique donc que l’étiologie des pneumopathies de l’enfant évolue avec le temps et que cette observation doit être incluse dans l’élaboration des stratégies thérapeutiques.

     

    Faire évoluer la stratégie d’antibiothérapie

    Antoine DESCHILDRE rappelle qu’il y a un grand intérêt à rechercher une étiologie aux épisodes respiratoires bas de l’enfant car il existe une abus de prescription des antibiotiques, à l’origine du développement de résistances. L’identification du germe responsable pourrait retenir la prescription d’antibiotiques, surtout chez les très jeunes enfants chez qui les épisodes respiratoires sont majoritairement viraux alors que l’on observe qu’une antibiothérapie est mise en route dans 83% des cas. Il rappelle que le dogme est qu’ne pneumopathie objectivée radiologiquement doit bénéficier d’un traitement antibiotique mais que ceci est dépassé. Si on veut une évolution en terme de stratégie d’antibiothérapie, il faut proposer une recherche de l’agent causal de la pneumopathie. Antoine DESCHILDRE souligne que l’utilisation d PCR pour les infections virales est simple, comme cela a été démontré pendant l’épidémie de  SARS-COV2, ce qui pourrait aider à bannir l’usage abusif des antibiotiques chez l’enfant de moins de 2 ans, notamment en période de bronchiolite au cours de laquelle la prescription d’antibiotiques est encore très élevée.

     

    En conclusion, l’étiologie des pneumonies de l’enfant devrait être plus fréquemment recherchée, notamment avant 2 ans alors que l’origine virale prédomine, afin de limiter encore plus la prescription d(antibiotiques. L’intérêt de l’utilisation de la méthode par PCR n’est plus à démontrer…

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    JDF