Pneumologie

Dilatation des bronches : une corrélation étroite entre les modifications génétiques, radiologiques et cliniques

Les dilatations des bronches sont associées à des altérations particulières de l'expression génique épithéliale bronchique ainsi qu’à des anomalies cellulaires. La connaissance de ces éléments pourraient permettre d’avoir une attitude pro-active en anticipation, plutôt qu’une attitude passive. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH-XUAN.

  • 29 Déc 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2022 dans l’European Respiratory Journal, a évalué le lien entre les données radiologiques observées au scanner thoracique et l’analyse de l’expression des gènes et de la forme des cellules chez des sujets non encore diagnostiqués pour une dilatation des bronches. Les auteurs ont inclus, au total, 173 sujets ayant des anomalies radiologiques qui peuvent suggérer l’existence d’une dilatation des bronches. Ils ont ensuite convaincu ces sujets de se prêter à un brossage bronchique pour prélever des cellules épithéliales. Les auteurs de ce travail ont réalisé l’analyse génétique et biomoléculaire de ces cellules, ainsi que l’analyse de leur forme. Puis, ils ont corrélé le résultat de ces analyses aux anomalies radiologiques observées.

     

    Une combinaison des données radiologiques et transcriptomiques

    Le professeur Anh-Tuan DINH-XUAN, qui dirige le service de Physiologie-Explorations Fonctionnelles de l’Hôpital Cochin, à Paris, explique que cette étude combine des données d’imageries scanographiques avec des  données transcriptomiques, d’analyses de l’expression des gènes et de la forme des cellules. Il précise que l’analyse transcriptomique de l’expression des gènes est sans surprise, puisqu’on observe une expression préférentielle des gènes pro-inflammatoires et une diminution des gènes impliqués dans l’adhérence cellulaire, ce qui était déjà connu dans le cadre de la dilatation des bronches. Ces anomalies biomoléculaires s’accompagnent d’anomalies cellulaires avec une présence augmentée de cellules ciliées. Anh-Tuan DINH-XUAN relève donc qu’il existe des anomalies radiologiques non diagnostiquées qui s’accompagnent de modifications géniques et cellulaires, ce qui pourrait avoir un intérêt épidémiologique.

     

    Quel est le rôle physiopathologique des modifications cellulaires et moléculaires ?

    Anh-Tuan DINH-XUAN se questionne sur le rôle physiopathologique de ces modifications cellulaires et moléculaires. Il explique qu’l existe une corrélation entre ces modifications et la dilatation des bronches mais leur attribuer un rôle certain n’est pas établi. Il est nécessaire de réaliser des études longitudinales avec des renseignements cliniques précis car les modifications biologiques observées ne sont pas spécifiques à la dilatation des bronches. Anh- Tuan DINH-XUAN rappelle que l’on peut observer des toux avec production de mucus sans pour autant être atteint de dilatation des bronches et, pour lui, il existe probablement d’autre facteurs dans la physiopathologie de la dilatation des bronches. Il s’étonne qu’une augmentation du nombre des cellules ciliées ait été observée alors qu’elles sont habituellement diminuées au cours de la dilatation des bronches. Il existerait donc un bouleversement dans le phénotype cellulaire qui favoriseraient leur augmentation puis leur diminution rapide. Pour Anh -Tuan DINH XUAN, ceci est encore au stade d’hypothèse même si ce travail, bien mené, montre une étroite corrélation entre les modifications géniques, radiologiques et cliniques.

     

    En conclusion, il existe probablement un lien entre les modifications cellulaires et moléculaires et les anomalies radiologiques observées au cours de la dilatation des bronches, avant même qu’elle ne soit diagnostiquée, qui permettrait d’avoir une attitude proactive en anticipation mais d’autres études sont encore nécessaires pour préciser ce phénomène.

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    JDF