Cardiologie

Risque cardiovasculaire : l'élévation de la Lp(a) pareille que l’hypercholestérolémie familiale.

Le risque d'événements cardiovasculaires athérosclérotiques précoces chez les personnes qui ont des taux élevés de Lp(a) serait au moins équivalent à celui des hypercholestérolémies familiales et le double des personnes normales.

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  • 29 Nov 2022
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    L'hypercholestérolémie familiale (HF) est considérée comme la maladie génétique qui cause le plus de maladies cardiovasculaires et de décès précoces dans le monde. Mais des niveaux élevés de Lp(a), qui sont également déterminés génétiquement, peuvent entraîner un risque accru d'événements cardiovasculaires également tôt dans la vie.

    Alors que l'hypercholestérolémie familiale est assez peu fréquente, puisqu'elle touche moins de 1% de la population, des taux de Lp(a) de 70 mg/dL ou plus sont beaucoup plus courants, puisqu'ils toucheraient environ 10% de la population caucasienne (sachant que le risque cardiovasculaire augmenterait dès que le taux de Lp(a) dépasse 50 mg/dL).

    Une large étude épidémiologique prospective danoise, publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC), montre que le niveau de risque cardiovasculaire chez les patients ayant des taux de Lp(a) d'environ 70 mg/dL (0,7 g/L) serait similaire à celui de patients avec une hypercholestérolémie familiale répondant à la définition MEDPED (Make Early Diagnoses, Prevent Early Deaths).

    Une analyse de cohorte prospective sur plus de 42 ans

    Dans leur étude, Nordestgaard et coll. ont analysé les informations recueillies dans une grande base de données prospective de la population danoise, la CGPS (Copenhagen General Population Study), comprenant 69 644 personnes pour lesquelles des données sur l'hypercholestérolémie familiale et les taux de Lp(a) étaient disponibles, 2 pathologies déterminées génétiquement.

    L'étude contenait des dossiers remontant à plusieurs décennies et les chercheurs ont pu analyser les taux d'événements sur une période de suivi médiane de 42 ans. Pendant cette période, il y a eu 4166 cas d'infarctus du myocarde et 11 464 cas de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques (ASCVD).

    Un risque au moins équivalent à celui de l'hypercholestérolémie familiale

    Les résultats de cette large étude montrent que les niveaux de Lp(a) associés à un risque d'infarctus du myocarde équivalent à celui de l'hypercholestérolémie familiale clinique vont de 67 à 402 mg/dL selon la définition de l’hypercholestérolémie familiale utilisée. Le taux de Lp(a) correspondant au risque d'infarctus du myocarde génétiquement déterminé serait de 180 mg/dL.

    En termes de risque d'événements cardiovasculaires athérosclérotiques (ASCVD), les niveaux de Lp(a) correspondant au risque associé l’hypercholestérolémie clinique vont de 130 à 391 mg/dL, et le niveau de Lp(a) correspondant au risque d'événements cardiovasculaires athérosclérotiques de l'hypercholestérolémie familiale génétiquement déterminé serait de 175 mg/dL.

    Lp(a) : un facteur de risque indépendant

    Depuis la découverte de la lipoprotéine(a) [Lp(a)] par Kåre Berg en 1963, les études épidémiologiques et génétiques ont constamment identifié un taux de Lp(a) élevé comme un facteur de risque causal indépendant de maladie cardiovasculaire athérosclérotique et de sténose aortique calcifiante. La Lp(a) est constituée d'une particule LDL avec un pont disulfure liant de manière covalente une partie apolipoprotéine(a) à l'apolipoprotéine B100.

    Les recommandations 2019 de la Société Européenne de Cardiologie et de la Société Européenne d'Athérosclérose suggèrent qu'un taux de Lp(a) > 180 mg/dL pourrait conférer un risque de maladie cardiaque au cours de la vie équivalent au risque associé à l'hypercholestérolémie familiale hétérozygote, mais cette valeur est spéculative et ne repose pas sur une comparaison directe du risque cardiovasculaire athérosclérotique associé aux deux maladies dans la même population.

    Un doublement du risque

    Les différentes définitions de l'hypercholestérolémie familiale peuvent prêter à confusion, mais au final, cette large étude épidémiologique danoise conclue que si une personne a un taux de Lp(a) supérieur à 70 mg/dL, elle a un niveau de risque cardiovasculaire athérosclérotique similaire à celui associé à la définition la plus large de l'hypercholestérolémie familiale et elle doit être prise en charge également.

    Le risque cardiovasculaire de ces personnes serait approximativement doublé par rapport à celui de la population générale, et le risque augmente encore avec l’élévation des taux de Lp(a). Les chercheurs ont également constaté que si une personne est à la fois atteinte d'hypercholestérolémie familiale et d'un taux élevé de Lp(a), elle a un risque très élevé, ces deux pathologies étant indépendantes l'une de l'autre. Un élément à prendre en compte au moment où des traitements à même de réduire les taux de Lp(a) sont en cours de validation.

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    JDF