Une nouvelle utilisation du Système National des Données de Santé (SNDS) a permis une évaluation en vraie vie de la durée de traitement et du suivi après arrêt de l'omalizumab chez l'enfant et l'adulte asthmatiques. Des résultats très en faveur d’une efficacité du traitement. D’après un entretien avec Camille TAILLE.

Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2022, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’efficacité du traitement par omalizumab, en vraie vie, chez les enfants et les adultes asthmatiques. Il s’agit d’une étude française, pour laquelle les auteurs ont utilisé le Système National des Données de Santé pour connaitre la consommation de soins de chaque patient, entre 2009 et2019. Au total, 16 000 patients asthmatiques adultes et 2500 enfants asthmatiques ont été inclus. Ils ont tous été traités par omalizumab. Le nombre d’hospitalisations, la consommation de traitements médicamenteux et le nombre de passages aux urgences ont été comptabilisés pour chaque patient.

Confirmation de l’efficacité en vraie vie

Le professeur Camille TAILLE pneumologue dans le service de pneumologie et au Centre de référence constitutif des maladies pulmonaires rares de l'hôpital Bichat à Paris, et auteure de ce travail, explique que le Système National de Données de Santé permet d’avoir une idée précise de la consommation de soins pour chaque patient, ce qui a permis de confirmer l’efficacité de l’omalizumab en vraie vie. En effet, le nombre d’hospitalisations des patients asthmatiques pour exacerbation a diminué de 75% chez les patients traités ainsi que la consommation de corticothérapie orale, qui a également baissé de manière significative. De plus, elle souligne que les patients qui ont arrêté leur traitement par omalizumab depuis plus d’un an, même si l’on n’en connait pas la raison, restent contrôlés dans 70% des cas.  Camille TAILLE précise que la notion de contrôle a été construite avec les critères suivants :  la consommation de corticoïdes oraux, le nombre d’hospitalisations et le nombre de passages aux urgences. Les auteurs ont également observé que 40% des patients restaient contrôlés deux ans après l’arrêt du traitement, et 25% restaient contrôlés après trois ans, ce qui confirme l’efficacité de l’omalizumab, en vraie vie.

Une bonne observance au traitement

Camille TAILLE rappelle que l’analyse du Système National de Données de Santé permet également de suivre les remboursements de médicaments et donc d’observer le taux d’adhésion des patients au traitement. Les résultats de ce travail ont montré que 89% des patients sont allés chercher leur traitement à la pharmacie, ce qui confère un taux d’observance significativement élevé et va donc dans le sens de la confirmation de l’efficacité de l’omalizumab, d’autant que, comme le souligne Camille TAILLE, le suivi a été réalisé au sein d’une très volumineuse population d’adultes et d’enfants. Elle précise également que cette analyse permet aussi de réaliser une estimation du rapport coût/efficacité. Compte tenu du caractère très couteux de l’omalizumab, l’économie n’est pas si importante en matière de soins mais l’efficacité clinique démontrée en vraie vie et le maintien du contrôle jusqu’à trois ans après l’arrêt du traitement encouragent à l’utilisation de l’omalizumab pour traiter les adultes et les enfants asthmatiques.

En conclusion, l’efficacité de l’omalizumab en vraie vie a été démontrée chez les patients asthmatiques de tous âges et, même s’il s’agit d’un traitement coûteux, son utilisation doit être envisagée larga manu, compte tenu de longue la durée du contrôle de l’asthme après le traitement.