Pneumologie

Asthme : effet délétère du risankisumab en pratique clinique

Une étude a démontré les difficultés de la translation de la recherche clinique à la pratique clinique : le risankizumab visant l'interleukine 23 est sans efficacité dans l'asthme sévère, voire même délétère, en vraie vie alors que le modèle physiopathologique laissait espérer le contraire. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

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  • 02 Déc 2021
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    Une étude dont les résultats sont parus en octobre 2021 dans le New England Journal of Medicine, a fait le point sur l’efficacité du risankisumab en pratique clinique dans la prise en charge de l’asthme sévère. Il s’agit d’une étude randomisée, multi-centrique, en double aveugle, risankisumab versus placebo. Les patients, tous asthmatiques sévères ont reçu soit le placebo soit 90mg de risankisumab, en injection sous cutanée, toutes les quatre semaines. Au total, 105 patients ont reçu le risankisumab et 109 ont reçu le placebo. La durée avant la première crise d’asthme sévère a été évaluée pour chaque patient. Le nombre d’exacerbations et l’aggravation de la sévérité de l’asthme ont également été pris en compte.

    Des résultats cliniques désastreux

    Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, rappelle qu’il existe deux types d’inflammation au cours de l’asthme. Il précise que cinq biothérapies différentes ont l’AMM pour traiter l’asthme avec inflammation de type 2 et que les autres formes inflammatoires sont orphelines de tout traitement. Le risankisumab cible directement l’interleukine 23, qui représente la clé de voûte de l’inflammation de type 1. Arnaud BOURDIN explique que, dans ce travail, les auteurs, qui ont inclus tous types d’asthmatiques, atteignent bien leur cible puisque le risankisumab bloque effectivement l’interleukine 23 mais les résultats cliniques de cette étude ont été désastreux puisque les patients ayant reçu du risankisumab ont fait plus d’exacerbations que les patients sous placebo. L’effet du traitent a été délétère sur l’asthme des sujets, notamment pour les sujets ayant une hyperéosinophilie.

    Bien différencier les inflammations de types 1 et 2

    Arnaud BOURDIN précise donc que l’inflammation de type 2 est à combattre, car cela permet une amélioration clinique des patients asthmatique mais qu’il ne faut en aucun cas bloquer l’inflammation de type 1 car, même si le traitement atteint sa cible, ses effets sont délétères. Il souligne que ces résultats sont surprenants puisque les essais physiopathologiques et les modèles animaux tendaient à faire logiquement penser le risankisumab pouvait être un traitement de l’asthme sévère.  Arnaud BOURDIN regrette la moyenne envergure de ce travail et ses résultats décevants.

    En conclusion, le risankisumab a des effets délétères sur l’asthme en pratique clinique et la connaissance du type d’inflammation des patients asthmatiques est nécessaires pour mettre en place un traitement efficace.

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    JDF