Pneumologie

Analyse automatique des polygraphies ventilatoires : rien de nouveau et rester prudent…

L’analyse automatique des polygraphies ventilatoires est constructeur dépendante , ce qui doit inciter à prendre les résultats à prendre avec précaution. Cette idée n’est pas nouvelle et l’analyse automatique tend à devenir obsolète. D’après un entretien avec Justine FRIJA.

  • 30 Octobre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2025 dans Sleep Breath, a cherché à évaluer la précision diagnostique de l'indice d'apnée-hypopnée obtenu par analyse automatique, en le comparant à l'analyse manuelle réalisée sur les enregistrements polygraphiques , et examiner ses performances selon les différents niveaux de sévérité du syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Il s’agit d’une étude prospective monocentrique qui a inclus 3 144 participants, ayant bénéficié à la fois d'une analyse automatique et d'une analyse manuelle des enregistrements polygraphiques. Une concordance diagnostique faible (44,52 %) a été observée entre les deux méthodes, soulignant une performance limitée de l’analyse automatique dans le diagnostic du syndrome d’apnée du sommeil.

     

    Une méthodologie qui a ses limites

    Le docteur Justine FRIJA ,pneumologue dans le service de physiologie clinique, explorations fonctionnelles multidisciplinaires et centre du sommeil, à l’hôpital Bichat, à Paris, explique que l’analyse automatique des polygraphies ventilatoire n’a pas de définition précise car chaque constructeur d’appareil à polygraphie crée sa propre analyse automatique. Elle précise, que dans cette étude, les auteurs ne se sont intéressés qu’à un seul modèle d’appareil, ce qui limite beaucoup la généralisation des résultats, d’autant qu’il s’agit de la marque utilisée à l’hôpital BICHAT, que Justine FRIJA n’estime pas très performante.  Si les mises à jour des appareils sont réalisées, l’analyse automatique ne les prend pas forcément en compte. De plus, elle ajoute que cet examen est souvent réalisé en ambulatoire, ce qui peut entraîner des écueils techniques, puisque le patient pose lui-même ses capteurs. Elle regrette que les auteurs aient réalisé une étude monocentrique, sur un seul type d’appareil et n’aient pas étudiés plusieurs marques de polygraphes, car malgré l’important effectif de patients inclus, ce travail, qui compare l’analyse automatique à l’analyse manuelle, n’apporte pas de grande nouveauté. Les règles de scorage n’ont pas forcément intégré les recommandations de la HAS et sans regard sur l’analyse automatique du constructeur, il est impossible de conclure.

     

    Une progression future grâce à l’intelligence artificielle

    Justine FRIJA précise que , malgré ces résultats fragiles, il faut mettre ce travail en balance avec d’autres travaux, et comprendre que ce type d’analyse automatique va changer. En effet, par exemple, l’analyse des électroencéphalogrammes par  des logiciels d’intelligence artificielle existe déjà et il n’y a aucune raison pour que l’utilisation des modèles d’apprentissage ne permettent pas de faire le même chose avec les polygraphies ventilatoires. C’est certainement l’avenir de l’interprétation de cet examen, dont l’analyse automatique parait déjà obsolète. Justine FRIJA estime que si les constructeurs de polygraphes s’en donnent les moyens, il n’y pas de raison que l’intelligence artificielle ne permette pas l’interprétation précise des polygraphies ventilatoires.

     

    En conclusion, le sujet de l’analyse automatique des polygraphies ventilatoires est important, car beaucoup d’entre elles sont réalisées en ville et interprétées par analyse automatique, ce qui doit rendre très précautionneux dans les conclusions. L’intelligence artificielle viendra certainement améliorer cette technologie…

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