Pneumologie

Asthme sévère : des facteurs environnementaux modifiables, nouveaux résultats de l’étude FASE-CPHG

 La sévérité de l'asthme est associée à des facteurs non modifiables mais également à des facteurs environnementaux modifiables. La prise en charge de ces facteurs modifiables, et notamment le tabagisme, n’est pas encore optimale et doit constituer une priorité dans la prise en charge de l’asthme sévère. D’après un entretien avec le Dr  Laurent PORTEL.

  • 04 Avr 2024
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    Une nouvelle étude, dont les résultats sont parus en février 2024 dans le Journal of Asthma Allergy, a  évalué les facteurs de gravité liés à l’asthme sévère, en distinguant les facteurs modifiables et non modifiables. Il s’agit d’une nouvelle analyse de l’étude FASE-CPHG, qui est une étude multicentrique observationnelle et transversale, pour laquelle les auteurs ont utilisé le score ASSESS qui associe contrôle des symptômes, exacerbations, VEMS et  mesures thérapeutique. Au total, 1377 patients ont été sélectionnés et 948 ont été inclus, en raison de données manquantes pour certains patients. Sur la totalité de ces patients, 592 étaient des femmes, dont 447 souffraient d’asthme sévère. Les auteurs de ce travail ont réalisé des analyses bivariées et multivariées pour identifier les caractéristiques des patients et les associer au score ASSESS.

     

    L’allergie n’est pas un facteur de sévérité

     

    Le docteur Laurent PORTEL, chef du service de pneumologie de l’hôpital de Libourne, coordinateur et co-auteur de ce travail, fait partie du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux dont l’activité de recherche est bien connue à travers des études KBP. Il est à l’origine du projet FASE (France Asthme Sévère) qui a inclus plus de 1500 patients, issus de 104 hôpitaux différents. Plusieurs publications ont été faites dans différentes revues dont  l’European Respiratory Open Research, avec notamment des sous-études sur l’observance aux traitements, sur l’association avec le syndrome d’apnée du sommeil, les profils non T2 de l’asthme, le versant allergologique, l’activité physique et ainsi qu’une analyse en clusters afin de déterminer les principaux phénotypes de l’asthme sévère dans cette population. Après cette première étude réalisée en 2016, une seconde (FASE2-CPHG) vient de se terminer avec une présentation des premiers résultats lors du dernier CPLF de Lille en janvier. Ce travail a démontré qu’il n’existait pas de lien entre la sévérité de l’asthme et l’allergie. De même, l’obésité et l’éosinophilie ne sont pas reconnus comme étant des facteurs de sévérité de l’asthme. Deux liens avec des facteurs non modifiables ont été démontrés : il s’agit du sexe féminin et du niveau éducatif.

     

     

    La prise en charge des facteurs modifiables n’est pas optimale

     

    Les facteurs modifiables liés à la sévérité de l’asthme sont liées à l’activité professionnelle, au tabagisme et à un habitat en zone urbaine.  Les patient inclus dans l’étude étaient souvent lourdement traités : 300 d’entre eux bénéficiaient d’une biothérapie, et 150 étaient sous corticothérapie générale, alors même que les facteurs modifiables n’étaient pas pris en charge de façon optimale. Prioriser la prise en charge de ces facteurs et notamment le sevrage tabagique, est une nécessité absolue, de même que  la poursuite des mesures de lutte contre la pollution atmosphérique en zone urbaine.

     

     

    En conclusion, dans cette étude, l’allergie, l’obésité et l’éosinophilie ne sont pas liés à la sévérité de l’asthme. Il est primordial d’agir sur les facteurs modifiables représentés par le tabagisme, la pollution atmosphérique des zones urbaines et les expositions professionnelles pouvant aggraver l’asthme. Aujourd’hui, toutes les mesures possibles de prise en charge de ces facteurs ne sont malheureusement pas optimisées.

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    JDF