Pneumologie

Pollution atmosphérique et asthme ne font pas bon ménage !

La pollution atmosphérique est un facteur de risque indépendant d'exacerbation de l'asthme chez les grands enfants vivant dans des zones urbaines. Quel que soit le type d’asthme, il est important de ne pas négliger que ls exacerbations peuvent être liées à la pollution. Un rôle non négligeable de l’ozone et des PM2,5. D’après un entretien avec Isabelle ANNESI-MAESANO.

  • 06 Avr 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2023 dans le Lancet Planetary Health, a cherché à démonter le lien existant ente la pollution atmosphérique et les exacerbations de l’asthme. Les auteurs sont partis de l’observation que la prévalence de l’asthme a augmenté dans les zones urbaines, notamment chez les enfants et les populations à faibles revenus, chez qui la morbidité due à l’asthme est très élevée. Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective qui a inclus 208 enfants asthmatiques, âgés de 6 à 17 ans et vivant dans des grandes villes américaines, issus de deux cohortes. La qualité de l’air et la concentration en particules polluantes ont été évaluées. Les auteurs ont ensuite étudié les associations entre les concentrations régionales des polluants atmosphériques et les maladies respiratoires et exacerbations de l’asthme chez les sujets inclus . Il sont également observé leur fonction pulmonaire et analysé l’expression des gènes et leurs dysfonctionnements .

     

    Une prise en considération de l’effet de la pollution chez les asthmatiques

    Le professeur Isabella ANNESI-MAESANO, directrice de recherche à l’INSERM de Montpellier et professeur d’épidémiologie environnementale, souligne que cette étude a été publiée dans une très bonne revue avec un impact factor important. Elle porte sur des éléments de recherche fondamentales sur les cause et les mécanismes des excarnations de l’asthme, en l’absence d’infection. Ce travail réalisé dans de grandes villes américaines abritant des populations défavorisées et où la prévalence de l’asthme est plus importante, a un  design simple et intéressant qui prend en considération la pollution atmosphérique  comme un irritant important pour les patients asthmatiques. Les résultats de cette étude indiquent que les asthmatiques exacerbateurs sans infection objective font plus d’exacerbations lorsqu’ils sont soumis à la pollution atmosphérique. Isabella ANNESI-MAESANO précise que les résultats ne s’arrêtent pas à cette constatation, puisque à l’inverse les exacerbateurs fréquents sont plus souvent soumis à la pollution, avec un laps de temps de 9 jours à partir de l’exposition. Ces sujets ont une diminution significative de leur fonction respiratoire.  De plus, il existe une altération de l’expression des gènes : les sujet exposés aux PM2,5 ont une induction accélérée de la synthèse des protéines (kallikréines) et du mucus, ce qui génère une dysfonction des barrières de l’organisme aux agressions extérieures. L’exposition à l’ozone provoque une augmentation des éosinophiles, des Il4 et IL5.

     

    Quelques limitations qui incitent à communiquer davantage sur le sujet

    Malgré la qualité de ce travail, Isabella ANNESI-MAESANO émet quelques critiques, notamment sur le faible effectif de patients inclus, qui oblige à rester prudent dans l’interprétation des résultats. De plus, les auteurs se sont intéressés à la qualité de l’air et aux mélanges de polluants les plus élevés, ce qui ne prend pas en considération la pollution individuelle. Il n’y a pas d’évaluation des facteurs de confusion possibles comme la pollution des locaux, alors que cette étude est réalisée dans des villes au climat plutôt froid. D’autre part, l’exposition aux divers allergènes comme les animaux domestiques, les acariens ou les moisissures n’ a pas été évaluée. En revanche , le tabagisme passif a été pris en compte avec la mesure de la cotinine urinaire. Enfin, les différents types d’asthme n’ont pas été pris en compte et on ne sait pas s’il s’agit d’asthmes  allergiques ou non. Isabella ANNESI-MAESANO estime que ce travail est globalement intéressant mais les auteurs invitent la communauté  à communiquer davantage sur des résultats équivalents.

     

    En conclusion, il ne faut pas négliger le fait que les exacerbations des patients asthmatiques peuvent être dus à la mauvaise qualité de l’air. L’asthme et la pollution atmosphérique ne font pas bon ménage de multiples façons encore imprécises et qui sont donc encore à explorer…

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    JDF