Pneumologie

Asthme sévère : pas de rôle de la dyskinésie ciliaire dans l’hypersécrétion

 La toux et les expectorations dans l'asthme sévère ne seraient pas liées aux altérations ciliaires, qu’elles soient liées aux battements ou à la structure anormale des cils. Une étude, qui va être complétée par d’autres travaux , est  venue le démontrer  et améliore partiellement la compréhension de l’hypersécrétion bronchique dans l’asthme. D’après un entretien avec Céline KEMPENEERS.

  • 30 Nov 2023
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    Une étude belge , dont les résultats sont parus en octobre 2023 dans l’ERJ Open Research, a cherché à comprendre le lien qui pourrait exister entre les anomalies ciliaires et l’hypersécrétion bronchique chronique  dans l’asthme sévère. Pour cela, les auteurs ont évalué la fonction ciliaire d’un groupe de patients asthmatiques sévères et d’un groupe de sujets sains en réalisant un frottis nasal, qui reflète fidèlement ce qu’il se passe dans les voies respiratoires inférieures. L’hypersécrétion est définie comme une sécrétion chronique de mucus provenant du thorax, survenant  la plupart du temps, pendant au moins 3 mois, pendant deux années consécutives, et s’accompagnant d’une toux. Vingt patients asthmatiques sévères ont donc été inclus. Dix d’entre eux souffraient d’hypersécrétion chronique de mucus et les dix autres n’en souffraient pas.

     

    Une littérature assez pauvre sur le rôle des cils chez l’asthmatiques sévère

    Le docteur Céline KEMPENEERS , pneumo-pédiatre au Centre Hospitalier Universitaire de Liège et auteur de ce travail, qui s’est spécialisée dans la pathologie ciliaire à Vancouver, au sein d’un laboratoire de vidéo-microscopie ciliaire, explique que, lorsque les cils ne battent pas correctement, on fait face à un problème de clairance mucociliaire, avec  les risques infectieux qu’elle engendre. Elle a donc adapté la technique du diagnostic de dyskinésie mucociliaire primitive aux cils respiratoires pour tenter d’expliquer l’hypersécrétion bronchique et la toux chez certains asthmatiques sévères. Ainsi, à Liège, un laboratoire de vidéo microscopie ciliaire a été installé en pédiatrie, car chez l’enfant asthmatique les sécrétions sont plus fréquentes. Céline KEMPENEERS précise que la littérature sur le rôle du mauvais fonctionnement ciliaire dans l’asthme est très pauvre et qu’il était intéressant d’étudier à la fois les anomalies de battements des cils et leur ultrastructure.

     

    L’hypersécrétion bronchique n’est pas expliquée par la dyskinésie ciliaire

    Céline KEMPENEERS explique que les résultats de ce travail ont montré une diminution des battements ciliaires et une augmentation du pourcentage d’anomalies structurelles des cils  chez les sujets asthmatiques sévères, par rapport aux sujets sains, même si des anomalies structurelles peuvent exister chez le sujet sain. Toutefois, il n’y a pas eu de différence observée entre les deux groupes de patients asthmatiques sévères. Les auteurs ont affiné ce résultat en observant les caractéristiques cliniques des patients des deux groupes (âge, sexe, éosinophilie, prise en charge, présence d’une pathologie sinusale chronique…) et n’ont pas observé de différence, en dehors d’une légère différence dans le contrôle de l’asthme mais non significative. Céline KEMPENEERS souligne qu’il s’agit de la première étude qui essaie de comprendre les mécanismes de l’hypersécrétion chronique de mucus dans l’asthme et suggère qu’il est nécessaire d’étudier également les caractéristiques du mucus, à la fois chez les asthmatiques sévères et non-sévères. D’autre part, il est également indispensable de comprendre pourquoi les battements ciliaires sont anormaux dans l’asthme. La piste génétique est envisagée.

     

    En conclusion, les altérations ciliaires n’expliquent pas l’hypersécrétion chronique de mucus qui existe chez certains patients asthmatiques sévères.  Toutefois, des anomalies ciliaires existent chez les patients asthmatiques et de nouveaux travaux sont en cours pour essayer de comprendre l’origine de l’hypersécrétion et le rôle des anomalies ciliaires chez les asthmatiques.

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    JDF