Les changements climatiques s’accélèrent et leur effet sur la santé respiratoire sont multiples et inquiétant. Les membres de l’European Respiratory Society ont  pris position dans le but de faire réagir plus rapidement les autorités compétentes sur cet impact déjà catastrophique. D’après un entretien avec Bruno HOUSSET.

Une publication parue en septembre 2023 dans l’European Repsiratory Journal, a fait le point sur les changements climatiques et leur impact sur la santé respiratoire . Il s’agit d’une publication réalisée par l’European Repsiratoy Society qui vise à tirer la sonnette d’alarme sur les effets rapides du changement climatique sur la santé humaine en général et respiratoire en particulier. Les auteurs de ce travail, tous experts et membres de l’European Respiratory Society, ont élaboré une revue générale avec une prise de position sur l’accélération des changements climatiques, l’urgence de réagir et l’inertie actuelle des systèmes.

Un décalage de deux générations

Le professeur Bruno HOUSSET, président de la Fondation du Souffle, explique que le changement climatique et ses effets sont plus rapides que ce qui était attendu. L’accélération des phénomènes de réchauffement climatique et de catastrophes naturelles implique qu’il est urgent de trouver des moyens planétaires pour lutter contre leurs conséquences. Bruno HOUSSET souligne qu’en France, par exemple, il est inutile de de lutter pour la baisse de CO2 si rien n’est fait contre les feux de forêts et leur effet polluant. On fait alors face à un effet circulaire, qui aggrave les phénomènes. Il précise que les générations actuelles paient les erreurs de leurs parents et grands parents et que ce décalage de deux générations impliquera que les mesures prises aujourd’hui, ne seront efficaces que dans une cinquantaine d’années. Il est impératif que les politiques prennent en compte la dimension sanitaire du réchauffement climatique et que les pneumologues restent vigilants et à l’affût des conséquences respiratoires pour conseiller les autorités. Bruno HOUSSET cite comme exemple la démarche vertueuse de végétalisation des espaces urbains qui ne doit pas être réalisée sans avoir préalablement interviewé les spécialistes en santé respiratoire sur les risques d’allergies provoquées par certains arbres.

On va dans le mur…

Bruno HOUSSET explique que le corps humain peut s’adapter aux modifications de chaleur mais que cela reste transitoire et qu’il existe une sensibilité individuelle à l’augmentation de température. Il insiste également sur l’enjeu qui existe concertant le lien entre pollution et réchauffement climatique, montrant à quel point il est important de rejoindre rapidement les recommandations de l’OMS sur les niveaux de pollution règlementaires, malgré l’échéance lointaine de 2035. Bruno HOUSSET précise, par exemple, que l’effet de l’ozone, conséquence directe de la pollution, n’est pas sans effet sur la morbi-mortalité, même si celui-ci est moindre  que celui lié aux PM2.5. Pour lui, la liste des effets du réchauffement climatique et de la pollution est colossale et ne peut pas être exhaustive et , même si sa connaissance permet de toucher du doigt les conséquences du réchauffement climatique, des milliers de morts sont déjà à déplorer, notamment en raison des phénomènes climatiques violents, et dont l’une des conséquences directes est le phénomène de migration climatique. Bruno HOUSSET relève que ce texte alarmant élaboré par l’ERS a mis plus de 8 mois a être accepté à la publication, ce qui est anormalement long et pour lui, on va déjà dans le mur…

En conclusion, l’impact du réchauffement climatique sur les populations et notamment sur la santé respiratoire est colossal, la lutte contre ses conséquences est urgente et doit être issue d’un travail conjoint entre les autorités et les spécialistes en santé respiratoire, qui n’ont de cesse que de tirer la sonnette d’alarme….