Pneumologie

Apnée du sommeil : une personne sur cinq en souffrirait sans le savoir

Une étude française confirme que le syndrome obstructif d’apnée du sommeil (SAOS) peut passer inaperçu pendant de nombreuses années : une personne sur cinq aurait un SAOS non diagnostiqué et donc non pris en charge.

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  • 03 Jun 2023
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    Une équipe française a souhaité connaître la prévalence du SAOS et les caractéristiques des personnes ayant un risque élevé de SAOS au sein de la population française. L’objectif était d'améliorer les stratégies de prévention et de dépistage de cette maladie et de les rendre plus ciblées et donc plus efficaces.

    L’étude permet de déterminer qu’au moins une personne sur 5 présenterait ce syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) sans le savoir.

    Fortes incidence et prévalence

    On sait déjà que l’incidence du syndrome d’apnée du sommeil augmente de façon quasiment linéaire en fonction de l’âge chez les adultes : 7,9% des personnes âgées de 20 à 44 ans, 19,7% des 45–64 ans et 30,5% des personnes de plus de 65 ans.

    En France, selon une étude datée de 2012 et une autre de 2021, la prévalence du syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) traité est estimée à environ 2,4 %.

    Cependant, le SAOS est largement sous-diagnostiqué compte tenu du caractère asymptomatique de la pathologie chez certaines personnes. Jusqu’à présent, il était également prouvé que le sexe masculin, l'âge et l'obésité étaient des déterminants du SAOS, mais le rôle d'autres facteurs comportementaux et socio-économiques restait encore flou.

    En l’absence de traitement, ce syndrome est associé à un risque accru de maladies cardiovasculaires responsables d’une morbi-mortalité importante. D’où l’importance d’un dépistage précoce.

    Une cohorte française de plus de 20 000 participants

    La cohorte française a inclus plus de 20 000 participants âgés de 18 à 69 ans qui étaient, soit traités pour apnée du sommeil, soit dépistés à l’aide du questionnaire de Berlin (test de Berlin positif). Les données de chaque participant ont été pondérées selon un processus de modélisation permettant d'étendre les conclusions de l'étude à la population générale française âgée de 18 à 69 ans.

    Parmi les 20 151 participants, 608 étaient traités pour SAOS et 19 352 ont été testés positifs au questionnaire de Berlin. La prévalence du SAOS serait de 3,5%. Celle des sujets non traités ayant un questionnaire de Berlin positif serait de 18,1%, soit une prévalence pondérée totale de l'apnée du sommeil traitée ou du risque élevé de SAOS de 20,9%.

    Un sous-diagnostic du SAOS confirmé

    Le SAOS et ses principaux symptômes sont plus fréquents chez les personnes âgées, celles ayant des comportements en matière de santé et des conditions socioéconomiques défavorables ou ayant des symptômes dépressifs.

    La prévalence des symptômes du SAOS est de 37,2 % pour le ronflement sévère et de 14,6% pour l'hypersomnolence. Le sexe masculin, l'âge, les événements cardiovasculaires antérieurs, le tabagisme, le faible niveau d'éducation, le faible niveau d'activité physique et les symptômes dépressifs sont associés au fait d'avoir soit une apnée du sommeil traitée, soit un questionnaire de Berlin positif.

    Un participant sur 5 a une forte probabilité de présenter un SAOS alors que seuls 3,5 % ont été traité pour cette pathologie, suggérant ainsi un sous-diagnostic important dans la population générale.

    Les personnes qui ont des facteurs de risque tels que des symptômes dépressifs, de mauvaises règles hygiéno-diététiques (tabac, manque d’activité physique…) et des conditions socio-économiques défavorables étant plus susceptibles de présenter un SAOS, ce diagnostic devrait donc être fortement envisagé chez ce type de personnes. Et donc pas seulement chez les personnes atteintes d’obésité, ce facteur de risque habituellement évoqué en première intention.

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    JDF