Pneumologie

Apnée obstructive du sommeil : un lien direct avec le risque de cancer

Un lien direct entre l’apnée du sommeil, l’hypoxie qui lui est associée, et le risque de cancer, a été établi dans une très large étude présentée au congrès 2022 de l’European Respiratory Society.

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  • 06 Sep 2022
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    Les patients souffrant d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) ont un risque accru de cancer, qui reste débattu, mais il n'a pas été clairement établi si cela est dû au SAOS lui-même ou à des facteurs de risque de cancer connexes, tels que l'obésité, les maladies cardiométaboliques et les facteurs liés au mode de vie.

    Selon une vaste étude présentée au congrès international de l'European Respiratory Society (ERS) à Barcelone, les personnes souffrant d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) ont un risque accru de cancer et le manque d'oxygène dû au SAOS est associé de manière indépendante au cancer.

    Un lien direct avec l’hypoxie

    Les chercheurs montrent que les patients atteints de cancer ont un SAOS légèrement plus sévère, mesuré par un indice d'apnée hypopnée moyen de 32 contre 30, et un indice de désaturation en oxygène de 28 contre 26. Dans une analyse plus poussée en sous-groupes, l'indice de désaturation en oxygène est plus élevé chez les patients atteints de cancer du poumon (38 contre 27), de cancer de la prostate (28 contre 24) et de mélanome malin (32 contre 25).

    Selon les auteurs, les résultats de cette étude soulignent la nécessité de considérer désormais l'apnée du sommeil non traitée comme un facteur de risque de cancer et de sensibiliser les médecins à la possibilité d'un cancer lorsqu'ils traitent des patients atteints de SAOS. Cependant, l'extension du dépistage du cancer à tous les patients atteints de SAOS n'est ni justifiée ni recommandée par les résultats de cette étude.

    Large étude cas-témoin suédoise

    Les chercheurs ont examiné les données de 62 811 patients cinq ans avant le début du traitement d’un SAOS en Suède. Entre juillet 2010 et mars 2018, les patients ont été traités par pression positive continue (CPAP) au masque pour maintenir les voies respiratoires ouvertes pendant le sommeil. Les chercheurs ont associé ces données à celles du registre national suédois du cancer et aux données socio-économiques de Statistics Sweden.

    Les chercheurs ont ajusté leurs résultats sur les facteurs confondants, tels que la masse grasse, les autres problèmes de santé et le statut socio-économique. Ils ont apparié 2 093 patients atteints de SAOS et ayant reçu un diagnostic de cancer jusqu'à cinq ans avant le diagnostic de SAOS avec un groupe témoin de 2 093 patients atteints de SAOS mais sans cancer. Ils ont mesuré la gravité du SAOS à l'aide de l'indice d'apnée hypopnée (IAH), qui mesure le nombre de troubles respiratoires pendant le sommeil, ou de l'indice de désaturation en oxygène (IDO).

    Une association statistique nette

    L'étude n'a porté que sur les données à un seul moment et ne peut pas montrer que l'apnée du sommeil cause le cancer, mais seulement qu'elle y est associée. Certains facteurs importants liés au mode de vie, tels que l'activité physique et les préférences alimentaires, n'ont pas été pris en compte sur une base individuelle dans l'étude. Le principal atout de l'étude est sa grande taille et la grande qualité des données sur le diagnostic du cancer et le SAOS.

    À l'avenir, les auteurs prévoient d'augmenter le nombre de patients et de les suivre dans le temps pour étudier les influences potentielles du traitement par CPAP sur l'incidence du cancer et la survie. L'association entre le SAOS et le cancer est moins bien établie que le lien avec les maladies du cœur, la résistance à l'insuline, le diabète et les maladies du foie et des recherches supplémentaires sont nécessaires.

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    JDF