Traitement

Un médicament contre Alzheimer pour booster les capacités sociales des jeunes autistes ?

La mémantine, médicament prescrit contre la maladie d’Alzheimer, peut améliorer les troubles des interactions sociales de certains jeunes atteints d’autisme.

  • 02 Octobre 2025
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    Une nouvelle piste thérapeutique pour les personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique (TSA). Des chercheurs ont découvert qu’un médicament contre la maladie d’Alzheimer appelé mémantine pouvait réduire les difficultés de communication et d'interactions sociales de certains patients. Ils ont également identifié un biomarqueur qui permet de repérer les autistes les plus susceptibles de répondre à ce traitement.

    Autisme et mémantine : des compétences sociales améliorées et des symptômes moins sévères

    Si les mécanismes provoquant l’autisme restent très mystérieux, plusieurs travaux scientifiques ont pointé du doigt un possible dysfonctionnement du glutamate, un neurotransmetteur du système nerveux. Face à ce constat, des équipes de recherche ont eu l’idée d’évaluer l’effet de la mémantine, un modulateur du glutamate actuellement approuvé pour le traitement de la maladie d'Alzheimer modérée à sévère. Mais les résultats ont été mitigés. Pour trancher la question, des scientifiques de Mass General Brigham Institute ont décidé de vérifier les effets du médicament anti-démence sur de jeunes patients autistes ne présentant pas de déficience intellectuelle.

    Ils ont ainsi réuni 33 participants âgés de 8 à 18 ans. La moitié d’entre eux ont reçu de la mémantine, les autres ont eu un placebo. Par ailleurs, 37 volontaires atteints de TSA et 16 personnes sans trouble ont passé un scanner de leur cortex cingulaire antérieur, une région cérébrale riche en récepteur glutamate et responsable du traitement des interactions sociales et des émotions.

    Le traitement par mémantine a été associé à une amélioration significativement plus élevée des comportements sociaux (56 %) par rapport au placebo (21 %). Le médicament contre Alzheimer a été généralement bien toléré, "bien que certains participants aient signalé des effets secondaires légers tels que des maux de tête", précisent les auteurs dans leurs communiqués.

    L’étude a également montré que les participants autistes avaient des taux de glutamate élevés dans le cortex cingulaire antérieur par rapport au groupe témoin. "Parmi les personnes atteintes de TSA, 54 % présentaient des taux élevés de glutamate dans le cortex cingulaire antérieur, tandis que les 46 % restants présentaient des taux moyens", ajoutent les experts.

    "Dans notre étude, les participants ayant réagi à la mémantine ont montré une amélioration de leurs compétences sociales et une réduction de la gravité des symptômes autistiques, même s'ils ont continué à présenter des symptômes autistiques plus légers", indique Dr Gagan Joshi, auteur correspondant, dans un communiqué.

    Un biomarqueur permet d’identifier les patients susceptibles de bien répondre au traitement

    Dans un deuxième temps, les chercheurs ont voulu comprendre pourquoi certains patients ayant pris de la mémantine affichaient des améliorations significatives de leurs capacités sociales et d’autres non. Ils ont alors remarqué que la réponse au traitement variait en fonction de l'activité glutamate dans le cortex cingulaire antérieur.

    "Tous les patients qui répondaient bien à la mémantine présentaient des taux élevés de glutamate, et 80 % des participants présentant des taux anormalement élevés ont répondu favorablement à la mémantine", écrivent les auteurs de l'article paru dans la revue JAMA Network Open. Ainsi, pour eux, la mesure du glutamate dans cette région du cerveau pourrait servir de biomarqueur pour identifier les patients susceptibles de bénéficier d'un traitement par mémantine.

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