Pneumologie

La médecine personnalisée : un coup de souffle pour l'asthme

L’European Respiratory Revue va publier une série d’articles sur la médecine personnalisée dans les maladies respiratoires. Le premier d’entre eux concerne l’asthme. Antoine Magnan de Nantes, commente cet article et son éditorial.

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  • 23 Novembre 2017
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    L’European Respiratory Revue va publier une série d’articles sur la médecine personnalisée dans les maladies respiratoires dont le premier concerne l’asthme. Cette médecine prédictive permettra à terme de prévenir les exacerbations et proposera des thérapies basées sur les caractéristiques génomiques des patients. 

    Selon Antoine MAGNAN, pneumologue à l’Institut du thorax, CHU Nantes, une révolution se produit actuellement dans la médecine avec l’avènement de la médecine personnalisée. Celle-ci permet d’avoir face à une pathologie chronique, une attitude préventive et prédictive : c’est la médecine 4 P = préventive , prédictive, personnalisée et participative qui permet de savoir à l’avance quel va être l’avenir des patients, une notion bien connue dans le cancer et qui va s'appliquer maintenant dans les maladies chroniques.

    Le premier auteur de l'étude parue dans l’European Respiratory Revue Chung KF, un des leaders de la cohorte européenne U-biopred, s’intéresse à l’asthme sévère dont les caractéristiques l’amène à être un bon terrain d'étude pour ce type de médecine. En effet t la génomique entre beaucoup en jeu dans cette affection : si la génétique regarde les gènes que l’on a une fois pour toutes et qui donc, ne varient pas au cours du temps chez un même individu, la génomique représente les produits des gènes dont l’utilisation varie en fonction du temps : ce ne sont pas les mêmes gènes qui sont utilisés le matin ou le soir, les mêmes gènes qui s’expriment chez un patient atteint d’une maladie chronique ou d’une affection aigüe. Et chez un patient atteint d’une maladie chronique,  les gènes utilisés lors des poussées ou des exacerbations ne sont pas les mêmes que ceux activés dans les périodes de rémission. En fait dans l’asthme, la génétique n’est pas très importante car de nombreux gènes semblent impliqués et il est donc difficile d’identifier des sous-groupes de patients chez qui tel ou tel gène serait plus déterminant. Par contre la génomique est beaucoup plus intéressante à connaître.

    Génomique plus que génétique

    Dans l’asthme sévère, sur l’analyse des expectorations, des gènes surexprimés ont été identifiés : ils sont liés soit à l’éosinophilie, soit aux exacerbations, soit à l’allergie et ils  permettent probablement d’affiner le phénotype des sujets asthmatiques et donc d’avoir des sous-groupes de patients qui ont certaines caractéristiques et pas d’autres et qui sont donc éligibles à certains traitements. Devant le développement de nouvelles thérapeutiques très onéreuses et pour lesquelles il y a des répondeurs et des non répondeurs, la biologie moléculaire devrait pouvoir mettre en évidence ces deux catégories. 

    Des phénotypes se dégagent

    Dans l’asthme sévère, de grands phénotypes se dégagent : allergie ou pas, éosinophilie ou pas, obèse ou pas, comorbidités ou pas (apnée du sommeil, RGO,...) et sur lesquels quelques anticorps monoclonaux pourraient être efficaces. Reste à savoir quels sont les patients qui répondent à ces traitements comme les anti IL5 qui arrivent sur le marché.

    Au total nous sommes au seuil d’une transformation importante de la médecine : au lieu de traiter des personnes qui consultent avec des symptômes qu’ils n’arrivent plus à gérer, ils se présenteront à nous dans un état stable ou à distance d’une poussée,  et nous aurons les moyens de prédire et donc de prévenir ces poussées.

    Nous entrons à présent dans le domaine de la prévention fondée sur des biomarqueurs, que ce soit des marqueurs biologiques ou d’imagerie qui vont être comparés à ceux d’une cohorte très bien caractérisée ce qui permettra à terme de prédire pour ce patient son devenir.

     

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     Antoine Magnan : "Au total on est au seuil d’une transformation importante de la médecine :  au lieu de traiter des personnes qui consultent avec des symptômes qu’ils n’arrivent plus à gérer tous seuls, ils se présenteront à nous dans un état stable ou à distance d’une poussée,..»

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